« Syphilis (MST) » : différence entre les versions

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<p style="text-align: justify">= due a l'infection par Treponema Pallidum. Incidence aux USA ~30 cas/ 100.000 hab/an, recrudescence sensible ces dernières années (FR&nbsp;: ++ H, homosexuels, HIV+).</p><p style="text-align: justify"><u>Mode de transmission</u> : MST, (contact avec toute muqueuse, transplacentaire, parentérale, sanguine)</p><p style="text-align: justify">Diag difficile et svt tardif → sérologie à effectuer systématiquement en cas de&nbsp;: chancre unique sur une muqueuse / lésion cutanée évocatrice d'une syphilis secondaire / DEG ou sd inflammatoire ou fièvre d'origine indéterminée / symptomatologie neurologique évocatrice ou inexpliquée / démence / aortite / syndrome coronarien avant 50 ans.</p>
<p style="text-align: left">La <b>syphilis</b> est une maladie sexuellement transmissible (MST) due a l'infection par Treponema Pallidum. Incidence aux USA ~30 cas/ 100.000 habitants/ an, recrudescence sensible ces dernières années. Facteurs de risque&nbsp;: sexe masculin, homosexualité, infection par le HIV. Ses complications engageant le pronostic vital ou exposant le patient à de lourdes séquelles ne surviennent généralement qu'après plusieurs années ou dizaines d'années suivant l'infection.</p><p style="text-align: left"><u>Mode de transmission</u>&nbsp;: rapports sexuels = principal mode de contamination, (contact avec toute muqueuse, transplacentaire, parentérale, sanguine)</p><p style="text-align: left">Son diagnostic est difficile et souvent tardif → sérologie à effectuer systématiquement en cas de&nbsp;: chancre unique sur une muqueuse, lésion cutanée évocatrice d'une syphilis secondaire, dégradation de l'état général ou syndrome inflammatoire ou fièvre d'origine sans explication, symptomatologie neurologique évocatrice ou inexpliquée, démence, aortite, syndrome coronarien survenant avant 50 ans.</p><p style="text-align: left">Les [[Atteintes_neurologiques_d'infections_systémiques_:_neurosyphilis|atteintes neurologiques (neurosyphilis)]] sont abordées en détail dans un chapitre particulier.</p>
== HISTOIRE NATURELLE ET CLINIQUE ==
== Histoire naturelle et clinique ==
<p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">A noter que le chancre syphilitique accroit le risque de contagion du HIV et qu'un HIV+ dévellopant une syphilis est plus exposé à des complications neurologiques précoces et sévères.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">1.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>SYPHILIS PRIMAIRE</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Contamination → période d'incubation (10-90j) → apparition d'un '''chancre''' au point d'inoculation = '''ulcération unique de 5-10mm de diamètre (sites fréquents&nbsp;: sillon balanopréputial, frein, méat, gland, ano-rectal), propre, indolore et indurée avec des ADP périphériques mobiles indolores (4-7j après le chancre)'''. Cicatrisation en 10-14j avec tt, en 3-6 sem sans tt. Formes atypiques possibles (ulcérations multiples/ naine/ géante/ douloureuse et inflammatoire/ molle).</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Co/surinfections dans 33% par gonocoque/ chlamydia/ haemophilus parainfluenzae/ staph doré/ streptocoque.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">2.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>SYPHILIS SECONDAIRE</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">= phase de dissémination septicémique, ~6 sem après l'apparition du chancre. Peut co-exister avec la phase primaire. Elle peut persister jusqu'à 6 mois et des récurrences cutanéo-muqueuses survenir dans l'année suivante.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Clinique&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;! les lésions cutanées sont très contagieuses&nbsp;!</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Eruption cutanée polymorphe (90%)&nbsp;: '''roséole syphilitique''' (macules érythémateuses non prurigineux 5-15mm disséminés sur le tronc et la racine des membres) → résolution spontanée → '''syphilides '''(papules rouge cuivré non prurigineux indolores de qq mm, sur le tronc/ membres/ visage/ palmo-plantaire)</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Plaques muqueuses muculo-papuleuses (arrondies à limites nettes, indolores, ++ sur la langue/ pharynx/ larynx/ commissure labiale…</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Plaques alopéciques, périonyxis,…</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Possibles signes généraux sévères / atteintes viscérales rares&nbsp;: fièvre, céphalées, syndrome méningé, polyarthralgies, douleurs osseuses, DEG, polyadénopathies, hépatosplénomégalie, hépatite syphilitique (5-10%), périostéite, synovite, bursite, myosite, mono/polyarthrite inflammatoire subaiguë, orchi-épididymite, glomérulonéphrite, gastrite, hémoglobinurie paroxystique, atteintes oculaires, méningite</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">3.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>SYPHILIS LATENTE</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">= phase asymptomatique, parseméee d'éventuelles récurrences cutanéo-muqueuses. On distingue la phase latente précoce (évoluant depuis &lt; 1 an) et tardive (évoluant depuis &gt; 1an). 25% des syphilis latentes non traitées évoluent vers une syphilis tertiaire.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">4.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>SYPHILIS TERTIAIRE</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">= phase associant à divers degré des lésions cutanéomuqueuses, osseuses, '''cardiovasculaires''' et/ ou '''neurologiques'''. Rare. Diag difficile svt très retardé. '''Toute aortite ou symptôme neurologique évolutif inexpliqué doit faire réaliser une sérologie syphilitique.'''</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify"><u>Syphilis tertiaire bénigne</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Survient après 1-45 ans d'évolution (x = 11 ans) →&nbsp; lésions cutanées (tubercules = nodules dermiques dermiques indolores de 5-30mm, gommes = nodules hypodermiques indolores de 2-10 cm) évoluant vers une ulcération granulomateuse et cicatrisation, lésions muqueuses peuvant toucher la bouche/langue/ pharynx/ larynx/ muqueuses génitales, lésions osseuses (ostéochondrite des os longs, ostéite gommeuse des os plats, ostéite scléreuse), lésions articulaires (arthrite, bursitee, synovite, nodules fibreux juxta-articulaires)</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Gomme et fibrose peuvent toucher quasi tous les organes.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify"><u>Syphilis cardio-vasculaire</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Rare (~10% des syphilis), elle apparaît après une évolution de > 20 ans (x = 40 ans) → '''aortite''' →&nbsp; insuffisance aortique, anévrisme de l'aorte thoracique, coronarite asymptomatique ou responsable de SCA (nbses descriptions en particulier de sténoses coronaires ostiales).</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">5.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>NEUROSYPHILIS</u></p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Classiquement rattachée à la syphilis tertiaire, elle peut en fait survenir à toutes les phases de la maladie, généralement entre les 3<sup>ème</sup> et 18<sup>ème</sup> mois post-infection (rarement jusqu'à 20 ans post-infection!). Très rare. Evolution aiguë ou chronique.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
<p style="text-align: left">A noter que le chancre syphilitique accroit le risque de contagion du HIV et qu'un HIV positif dévelopant une syphilis est plus exposé à des complications neurologiques précoces et sévères.</p>
=== Syphilis primaire ===
<p style="text-align: left">Contamination → période d'incubation (10 à 90 jours) → apparition d'un '''chancre''' au point d'inoculation = '''ulcération unique de 5 à 10 mm de diamètre (sites fréquents&nbsp;: sillon balanopréputial, frein, méat, gland, ano-rectal), propre, indolore et indurée avec des adénopathies périphériques mobiles indolores (4 à 7 jours après le chancre)'''. Cicatrisation en 10 à 14 jours avec traitement, en 3 à 6 semaines sans traitement.</p><p style="text-align: left">Des formes atypiques sont possibles (ulcérations multiples, ulcération naine ou géante, ulcération douloureuse et inflammatoire ou molle).</p><p style="text-align: left">Co- ou surinfections dans 33% des cas par les gonocoque, chlamydia, haemophilus parainfluenzae, staphylocoque doré et streptocoque.</p><p style="text-align: left">Les [[Atteintes neurologiques d'infections systémiques : neurosyphilis|atteintes neurologiques (neurosyphilis)]] font l'objet d'un chapitre particulier.</p>
=== Syphilis secondaire ===
<p style="text-align: left">Elle correspond à une phase de dissémination septicémique, survenant ~6 semaines après l'apparition du chancre. Elle peut cependant co-exister avec la phase primaire et/ ou persister jusqu'à 6 mois et des récurrences cutanéo-muqueuses survenir dans l'année suivante.</p><p style="text-align: left">Manifestations cliniques possibles&nbsp;:</p>
*A noter que les lésions cutanées sont très contagieuses. Ne jamais les toucher sans protection.
*Eruption cutanée polymorphe (90%)&nbsp;: '''roséole syphilitique''' (macules érythémateuses non prurigineux de 5 à 15 mm disséminés sur le tronc et la racine des membres) → résolution spontanée → '''syphilides '''(papules rouge cuivrés non prurigineux indolores de quelques mm, sur le tronc, les membres, le visage ou palmo-plantaire)
*Plaques muqueuses muculo-papuleuses (arrondies à limites nettes, indolores, ++ sur la langue, le pharynx, le larynx ou les commissures labiales…
*Plaques alopéciques, périonyxis,…
*Rarement&nbsp;: &nbsp;signes généraux sévères ou atteintes viscérales&nbsp;: fièvre, céphalées, syndrome méningé, polyarthralgies, douleurs osseuses, dégradation de l'état général, polyadénopathies, hépatosplénomégalie, hépatite syphilitique (5 à 10% des cas), périostéite, synovite, bursite, myosite, mono ou polyarthrite inflammatoire subaiguë, orchi-épididymite, glomérulonéphrite, gastrite, hémoglobinurie paroxystique, atteintes oculaires, méningite
 
=== Syphilis latente ===
<p style="text-align: left">Elle correspond à la phase asymptomatique, parseméee d'éventuelles récurrences cutanéo-muqueuses. On distingue la phase latente précoce (évoluant depuis &lt; 1 an) et tardive (évoluant depuis &gt; 1an). 25% des syphilis latentes non traitées évoluent vers une syphilis tertiaire.</p>
=== Syphilis tertiaire ===
<p style="text-align: left">Elle correspond à une phase associant à divers degré des lésions cutanéomuqueuses, osseuses, '''cardiovasculaires''' et/ ou '''neurologiques'''. Rare, de diagnostic difficile et souvent tardif. De règle&nbsp;'''toute aortite ou symptôme neurologique évolutif inexpliqué doit faire réaliser une sérologie syphilitique.'''</p>
==== Syphilis tertiaire bénigne ====
<p style="text-align: left">Survient après 1 à 45 ans d'évolution (moyenne&nbsp;: 11 ans) → lésions cutanées (tubercules = nodules dermiques dermiques indolores de 5 à 30 mm, gommes cutanées = nodules hypodermiques indolores de 2 à 10 cm) évoluant vers une ulcération granulomateuse avant cicatrisation; lésions muqueuses pouvant toucher la bouche, la langue, le pharynx, larynx ou les muqueuses génitales; lésions osseuses (ostéochondrite des os longs, ostéite gommeuse des os plats, ostéite scléreuse); lésions articulaires (arthrite, bursite, synovite, nodules fibreux juxta-articulaires)</p><p style="text-align: left">Gommes et fibrose peuvent cependant toucher quasi tous les organes.</p>
==== Syphilis cardio-vasculaire ====
<p style="text-align: left">Rare (~ 10% des syphilis), elle apparaît après une évolution de > 20 ans (moyenne = 40 ans) → '''aortite''' →&nbsp; insuffisance aortique, anévrisme de l'aorte thoracique, coronarite asymptomatique ou responsable de syndromes coronariens aigus (nombreuses descriptions en particulier de sténoses coronaires ostiales, très évocatrices).</p>
=== Neurosyphilis ===
<p style="text-align: left">Le détail des [[Atteintes_neurologiques_d'infections_systémiques_:_neurosyphilis|atteintes neurologiques de la syphilis]] est abordé dans un chapitre particulier.</p><p style="text-align: left">Classiquement rattachée à la syphilis tertiaire, elle peut en fait survenir à toutes les phases de la maladie, généralement entre les troisième&nbsp;et dix-huitième&nbsp;mois post-infection (rarement jusqu'à 20 ans post-infection). Très rare. Evolution aiguë ou chronique. Manifestations pléïomorphes (de règle, toute manifestation clinique neurologique "inexpliquée" doit faire réaliser une sérologie syphilitique).</p>
*<u>Neurosyphilis asymptomatique</u>
*<u>Neurosyphilis asymptomatique</u>
<p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Les aN du LCR seraient très fréquentes au cours de la maladie, mais n'ont jamais été associées à un risque accru de neurosyphilis symptomatique → pas d'indication de PL systématique en cas de syphilis sans symptomatologie neurologique.</p>
**Les anomalies du liquide céphalo-rachidien seraient très fréquentes au cours de la maladie, mais n'ont jamais été associées à un risque accru de neurosyphilis symptomatique → pas d'indication de ponction lombaire systématique en cas de syphilis sans symptomatologie neurologique.
*<u>Neurosyphilis symptomatiques</u>&nbsp;:
*<u>Neurosyphilis symptomatiques</u>&nbsp;:
<p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp;&nbsp;!! toutes les neurosyphilis débutent par une méningite le plus souvent apyrétique, celle-ci étant susceptible d'évoluer vers différentes formes isolées ou combinées. Les tableaux cliniques sont très variables, les formes systématisées étant&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Méningite / méningo-encéphalite</u>&nbsp;: signes méningés, apyrétique, confusion, convulsion, paralysies des nerfs crâniens. Des tableaux aigus mimant une encéphalite herpétique sont décrits.</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Syphilis neuro-vasculaire</u>&nbsp;: AVC svt multiples sur vasculite</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Paralysie générale</u>&nbsp;: démence, dysarthrie, parésies, myoclonies, tremblements,…</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Tabès "ataxie locomotrice progressive"</u> (rare, quasi disparu)&nbsp;: d+ MI, ataxie, incontinence, aréflexie, troubles trophiques (déformations articulaires et mal perforant plantaire).</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Atrophie optique</u>&nbsp;: cécité progressive d'un œil puis de l'autre</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Syphilis médullaire</u>&nbsp;: paraplégie spastique progressive</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; <u>Signe d'Argyll Robertson</u> – exceptionnel mais classique</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
**Toutes les neurosyphilis débutent par une méningite le plus souvent apyrétique, celle-ci étant susceptible d'évoluer vers différentes formes isolées ou combinées. Les tableaux cliniques sont très variables, les formes systématisées étant&nbsp;:
== EXAMENS COMPLEMENTAIRES ==
***<u>Méningite et méningo-encéphalite</u>&nbsp;: signes méningés, apyrétique, confusion, convulsion, paralysies des nerfs crâniens. Des tableaux aigus mimant une encéphalite herpétique sont décrits.
<p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
***<u>Syphilis neuro-vasculaire</u>&nbsp;: accident vasculaires cérébraux souvent multiples sur vasculite (tout accident vasculaire cérébral chez un sujet < 50 ans doit faire réaliser une sérologie syphilitique... l'indication étant moins évidente chez les sujets plus âgés)
*<u>EXAMEN DIRECT</u> (ß raclage du fond du chancre/ de syphilides papuleuses érosives)
***<u>Paralysie générale</u>&nbsp;: démence, dysarthrie, parésies, myoclonies, tremblements,…
<p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Microscope à fond noir (peu Sp)/ immunofluorescence</p>
***<u>Tabès "ataxie locomotrice progressive"</u> (rare, quasi disparu)&nbsp;: douleurs des membres inférieurs, ataxie, incontinence, aréflexie, troubles trophiques (déformations articulaires et mal perforant plantaire).
*<u>SEROLOGIE SANGUINE</u>
***<u>Atrophie optique</u>&nbsp;: cécité progressive d'un œil puis de l'autre
<p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Tests non tréponémiques (VDRL, RPR) = dépistage – très Se, moyennement Sp, reflète l'activité de la maladie → + utilité pour le suivi</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Tests tréponémiques (TPHA, FTA) = diag – moyennement Se, très Sp, ne reflète pas l'activité de la maladie</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; ELISA, Western-Blot = diag</p>
***<u>Syphilis médullaire</u>&nbsp;: paraplégie spastique progressive
*<u>PONCTION LOMBAIRE + EXAMEN OPHTALMO</u>
***<u>Signe d'Argyll Robertson</u> – exceptionnel mais classique
<p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Uniquement en cas de sérologie sanguine + et signe neuro/ ophtalmo/ otites/ syphilis tertiaire/ HIV+/ échec du tt</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Anomalies variables, on peut retrouver&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Pléiocytose 200-300 C/ mm³&nbsp; ++ L</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Protéinorachie haute à 40-200 mg/100ml</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Glycorachie normale</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Sérodiagnostic sur LCR</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; Critères biologiques d'une neurosyphilis (IUSTI 2008)&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; TPHA + dans LCR et</p><p style="text-align: justify">·&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; VDRL + dans LCR ou > 5 mononucléaires /cc</p><p style="text-align: justify">·&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Index TPHA > 70 (= TPHA LCR x albumine sérique / albumine LCR)</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Schématiquement&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>Sérologies sanguines</u>&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; VDRL + / TPHA -&nbsp;: faux positif / (infection très précoce) → rechercher IgM ou répéter séros</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; '''VDRL + / TPHA +'''&nbsp;:</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Présence d'IgM et Nelson négatif → syphilis précoce ++</p><p style="text-align: justify">§&nbsp; Absence d'IgM et Nelson positif → syphilis tardive ++ / cicatrice sérologique dans les mois suivant le tt /&nbsp; réinfection</p><p style="text-align: justify">o&nbsp;&nbsp; VDRL - / TPHA +&nbsp;: cicatrice sérologique / (infection très précoce) → rechercher IgM ou répéter séros</p><p style="text-align: justify">-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <u>Examens du LCR</u>&nbsp;: Se faible (30-70%) du VDRL mais très Sp. TPHA plus sensible mais reste positif après tt (→ pas pour diag de réinfections). Elévation inconstante des Ig&nbsp;! A ne faire que si TPHA sanguin + et de clinique neuro/ ophtalmo/ otique ou HIV+.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
 
== DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS ==
== Examens complémentaires ==
<p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
 
*Chancre → ulcérations génitales&nbsp;: infections ('''herpès génital '''[ulcération douloureuse post-vésiculeuse]''', chancre mou''' [++ adp inflammatoire inguinale fistulisant à la peau], urétrite/ vulvovaginite à gonocoque, vaginites à trichomonas, candidoses génitales,…''')''', caustiques, néoplasiques, Behçet, toxidermies, crohn,…
*<u>Examen direct</u>&nbsp;(raclage du fond du chancre ou de syphilides papuleuses érosives)
*Neurosyphilis → démences, AVC, myélites, méningites, SEP, panencéphalites sclérosante subaiguë, tumeurs,…
**Microscope à fond noir (peu spécifique) et immunofluorescence
<p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
*<u>Sérologie sanguine</u>
== TRAITEMENTS ==
**Tests non tréponémiques (VDRL, RPR) = dépistage – très sensible, moyennement spécifique, reflète l'activité de la maladie (→ également utile pour le suivi)
<p style="text-align: justify">&nbsp;</p>
**Tests tréponémiques (TPHA, FTA) = diagnostic – moyennement sensible mais très spécifique, ne reflète pas l'activité de la maladie &nbsp;(pas d'utilité de répéter le test)
*Dépistage et traitement des partenaires sexuels
**ELISA, Western-Blot = diagnostic
*Traiter également gonocoque/ chlamydia
*<u>Ponction lombaire et examen ophtalmologique</u>
*Syphilis primaire/ secondaire/ latente précoce&nbsp;:
**Indications&nbsp;: uniquement en cas de sérologie sanguine positive ET de signe neurologique ou ophtalmologique ou d'otite ou de syphilis tertiaire ou de patient HIV positif ou d'échec d'un premier traitement
<p style="text-align: justify">·&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dose unique de benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM (le plus efficace)</p><p style="text-align: justify">§ Si allergie à la pénicilline → préférer la désensibilisation → si impossible&nbsp;:</p>
**Anomalies variables, on peut retrouver&nbsp;:
#Doxycycline 2x100mg PO 14j ou Azithromycine 2g PO dose unique (mais plus d'échec
***Pléiocytose 200-300 cellules/ mm³, généralement lymphocytaire
#Si allergie non IgE médiée&nbsp;: ceftriaxone 1g IV/IM 10j
***Protéinorachie haute à 40-200 mg/ 100 ml
#Syphilis latente tardive/ cardiovasculaire/ échec thérapeutique (titre VDRL non diminué par un facteur 4 après 6-12 mois)
***Glycorachie normale
<p style="text-align: justify">·&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pendant 3 semaines&nbsp;: benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM/ sem</p><p style="text-align: justify">§ Si allergie à la pénicilline&nbsp;: ceftriaxone 1g IV/IM 10j</p>
***Sérodiagnostic sur le liquide céphalo-rachidien
*Neurosyphilis/ syphilis oculaire&nbsp;:
**Critères biologiques d'une neurosyphilis (IUSTI 2008)&nbsp;:
<p style="text-align: justify">·&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pen G 4.10^6 UI x 6/ j IV pendant 10-14j</p><p style="text-align: justify">§ Si allergie à la pénicilline&nbsp;: doxycycline, 2 x 100mg IV/ per os pendant >30j</p><p style="text-align: justify">§ Enfant/ femme enceinte&nbsp;: erythromycine</p><p style="text-align: justify">1.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Enfant&nbsp;: 30-50 mg/kg per os sur > 30j</p><p style="text-align: justify">2.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Femme enceinte&nbsp;: 4 x 500mg/j per os sur > 30 j</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">Après un tt efficace, les titres VDRL dans le sang et LCR doivent être diminuées d'au moins 4x à 6. Contrôle du LCR tous les 6 mois jusqu'à normalisation à 2 ans.</p><p style="text-align: justify">&nbsp;</p><p style="text-align: justify">! Sd de Jarisch = fièvre, myalgies, céphalées, tachycardie, hypoTA, aggravation des lésions neuros… survient sous tt dans 25% des syphilis tertiaires, 90% des secondaires et 50% des primaires. Traitement par AINS (medrol SN). Certains administrent siminultanément du medrol au tt de façon prophylactique'''.'''</p>
***TPHA positif dans le liquide céphalo-rachidien ET un des deux critères suivants&nbsp;:
****VDRL positif dans le liquide céphalo-rachidien OU > 5 mononucléaires/ cc
****Index TPHA > 70 (= TPHA du liquide céphalo-rachidien x albumine sérique / albumine du liquide céphalorachidien)
<p style="text-align: left">Schématiquement&nbsp;:</p>
*<u>Sérologies sanguines</u>&nbsp;:
**VDRL négatif et TPHA négatif&nbsp;: stop
**'''VDRL positif et TPHA positif'''&nbsp;:
***Présence d'IgM et Nelson négatif → syphilis précoce ++
***Absence d'IgM et Nelson positif → syphilis tardive ++ ou cicatrice sérologique dans les mois suivant le traitement ou réinfection
**VDRL négatif et TPHA positif&nbsp;: cicatrice sérologique ou, rarement, infection très précoce → rechercher IgM ou répéter sérologies après quelques semaines
**VDRL positif et TPHA négatif... difficile de conclure... à confronter à la présomption clinique...
*<u>Examens du liquide céphalo-rachidien</u>&nbsp;:
**Contrairement aux sérologies sanguines, la sensibilité du VDRL est faible (30 à 70%) mais très spécifique. Le TPHA étant plus sensible mais restant positif après traitement (→ inutile en cas de suspicion de réinfection). Elévation inconstante des Ig.
**L'examen n'est recommandé qu'en cas de TPHA sanguin positif ET de clinique neurologique, ophtalmologique, otique ou de patient HIV positif
 
== Diagnostics différentiels ==
 
*Chancre → ulcérations génitales&nbsp;: infections ('''herpès génital '''[ulcération douloureuse post-vésiculeuse]''', chancre mou''' [++ adénopathie inflammatoire inguinale fistulisant à la peau], urétrite ou vulvovaginite à gonocoque, vaginites à trichomonas, candidoses génitales,…''')''', caustiques, néoplasiques, Behçet, toxidermies, crohn,…
*Manifestations articulaires&nbsp;; causes d'oligo et polyarthrites
*Neurosyphilis → démences, accidents vasculaires cérébraux de toutes origines, myélites, méningites, sclérose en plaques, panencéphalites sclérosante subaiguë, tumeurs,…`
*Syphilis cardiaque&nbsp;: cardiomyopathies ischémiques, autres causes d'aortite
 
== Prise en charge thérapeutique - Traitements ==
 
*Dépistage et traitement des partenaires sexuels (problématique éthique en cas de refus du patient d'avertir ses partenaires, ce qui est très fréquent)
*Traiter également gonocoque et chlamydia le cas échéant
*Syphilis primaire/ secondaire ou latente précoce&nbsp;:
**Dose unique de benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM (le plus efficace)
***Si allergie à la pénicilline → préférer la désensibilisation → si impossible&nbsp;:
****Doxycycline 2 x 100 mg PO 14 jours ou Azithromycine 2 g PO dose unique (mais plus d'échec)
****Si allergie non IgE médiée&nbsp;: ceftriaxone 1 g IV ou IM 10 jours
*Syphilis latente tardive, cardiovasculaire ou échec thérapeutique (titre VDRL non diminué par un facteur 4 après 6 à 12 mois)
**Pendant 3 semaines&nbsp;: benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM/ semaine
***Si allergie à la pénicilline&nbsp;: ceftriaxone 1 g IV ou IM 10 jours
*Neurosyphilis ou syphilis oculaire&nbsp;:
**Pen G 4.10^6 UI x 6/ jour IV pendant 10 à 14 jours
***Si allergie à la pénicilline&nbsp;: doxycycline, 2 x 100 mg IV ou per os pendant > 30 jours
***Enfant ou femme enceinte&nbsp;: erythromycine
****Enfant&nbsp;: 30 à 50 mg/ kg per os > 30 jours - avis pédiatrique préalable systématique
****Femme enceinte&nbsp;: 4 x 500 mg/ jour per os > 30 jours - avis gynécologique préalable systématique
<p style="text-align: left">Après un traitement efficace, les titres VDRL dans le sang et le liquide céphalo-rachidien doivent être diminuées d'au moins 4 à 6 fois. Dans le cas contraire, évoquer un échec thérapeutique, une réinfection ou une erreur diagnostique. Contrôle du liquide céphalo-rachidien tous les 6 mois jusqu'à normalisation à 2 ans.</p><p style="text-align: left">A noter l'existence du syndrome de Jarisch = fièvre, myalgies, céphalées, tachycardie, hypotension artérielle, aggravation des lésions neurologiques… survenant sous traitement dans 25% des syphilis tertiaires, 90% des secondaires et 50% des primaires. Traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens (ou corticoïdes si nécessaires). Certains administrent siminultanément du medrol au traitement de façon prophylactique'''...'''</p>
 
== Auteur(s) ==
 
Dr [[Utilisateur:Shanan Khairi|Shanan Khairi]], MD
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Version actuelle datée du 5 novembre 2022 à 09:01

La syphilis est une maladie sexuellement transmissible (MST) due a l'infection par Treponema Pallidum. Incidence aux USA ~30 cas/ 100.000 habitants/ an, recrudescence sensible ces dernières années. Facteurs de risque : sexe masculin, homosexualité, infection par le HIV. Ses complications engageant le pronostic vital ou exposant le patient à de lourdes séquelles ne surviennent généralement qu'après plusieurs années ou dizaines d'années suivant l'infection.

Mode de transmission : rapports sexuels = principal mode de contamination, (contact avec toute muqueuse, transplacentaire, parentérale, sanguine)

Son diagnostic est difficile et souvent tardif → sérologie à effectuer systématiquement en cas de : chancre unique sur une muqueuse, lésion cutanée évocatrice d'une syphilis secondaire, dégradation de l'état général ou syndrome inflammatoire ou fièvre d'origine sans explication, symptomatologie neurologique évocatrice ou inexpliquée, démence, aortite, syndrome coronarien survenant avant 50 ans.

Les atteintes neurologiques (neurosyphilis) sont abordées en détail dans un chapitre particulier.

Histoire naturelle et clinique

A noter que le chancre syphilitique accroit le risque de contagion du HIV et qu'un HIV positif dévelopant une syphilis est plus exposé à des complications neurologiques précoces et sévères.

Syphilis primaire

Contamination → période d'incubation (10 à 90 jours) → apparition d'un chancre au point d'inoculation = ulcération unique de 5 à 10 mm de diamètre (sites fréquents : sillon balanopréputial, frein, méat, gland, ano-rectal), propre, indolore et indurée avec des adénopathies périphériques mobiles indolores (4 à 7 jours après le chancre). Cicatrisation en 10 à 14 jours avec traitement, en 3 à 6 semaines sans traitement.

Des formes atypiques sont possibles (ulcérations multiples, ulcération naine ou géante, ulcération douloureuse et inflammatoire ou molle).

Co- ou surinfections dans 33% des cas par les gonocoque, chlamydia, haemophilus parainfluenzae, staphylocoque doré et streptocoque.

Les atteintes neurologiques (neurosyphilis) font l'objet d'un chapitre particulier.

Syphilis secondaire

Elle correspond à une phase de dissémination septicémique, survenant ~6 semaines après l'apparition du chancre. Elle peut cependant co-exister avec la phase primaire et/ ou persister jusqu'à 6 mois et des récurrences cutanéo-muqueuses survenir dans l'année suivante.

Manifestations cliniques possibles :

  • A noter que les lésions cutanées sont très contagieuses. Ne jamais les toucher sans protection.
  • Eruption cutanée polymorphe (90%) : roséole syphilitique (macules érythémateuses non prurigineux de 5 à 15 mm disséminés sur le tronc et la racine des membres) → résolution spontanée → syphilides (papules rouge cuivrés non prurigineux indolores de quelques mm, sur le tronc, les membres, le visage ou palmo-plantaire)
  • Plaques muqueuses muculo-papuleuses (arrondies à limites nettes, indolores, ++ sur la langue, le pharynx, le larynx ou les commissures labiales…
  • Plaques alopéciques, périonyxis,…
  • Rarement :  signes généraux sévères ou atteintes viscérales : fièvre, céphalées, syndrome méningé, polyarthralgies, douleurs osseuses, dégradation de l'état général, polyadénopathies, hépatosplénomégalie, hépatite syphilitique (5 à 10% des cas), périostéite, synovite, bursite, myosite, mono ou polyarthrite inflammatoire subaiguë, orchi-épididymite, glomérulonéphrite, gastrite, hémoglobinurie paroxystique, atteintes oculaires, méningite

Syphilis latente

Elle correspond à la phase asymptomatique, parseméee d'éventuelles récurrences cutanéo-muqueuses. On distingue la phase latente précoce (évoluant depuis < 1 an) et tardive (évoluant depuis > 1an). 25% des syphilis latentes non traitées évoluent vers une syphilis tertiaire.

Syphilis tertiaire

Elle correspond à une phase associant à divers degré des lésions cutanéomuqueuses, osseuses, cardiovasculaires et/ ou neurologiques. Rare, de diagnostic difficile et souvent tardif. De règle toute aortite ou symptôme neurologique évolutif inexpliqué doit faire réaliser une sérologie syphilitique.

Syphilis tertiaire bénigne

Survient après 1 à 45 ans d'évolution (moyenne : 11 ans) → lésions cutanées (tubercules = nodules dermiques dermiques indolores de 5 à 30 mm, gommes cutanées = nodules hypodermiques indolores de 2 à 10 cm) évoluant vers une ulcération granulomateuse avant cicatrisation; lésions muqueuses pouvant toucher la bouche, la langue, le pharynx, larynx ou les muqueuses génitales; lésions osseuses (ostéochondrite des os longs, ostéite gommeuse des os plats, ostéite scléreuse); lésions articulaires (arthrite, bursite, synovite, nodules fibreux juxta-articulaires)

Gommes et fibrose peuvent cependant toucher quasi tous les organes.

Syphilis cardio-vasculaire

Rare (~ 10% des syphilis), elle apparaît après une évolution de > 20 ans (moyenne = 40 ans) → aortite →  insuffisance aortique, anévrisme de l'aorte thoracique, coronarite asymptomatique ou responsable de syndromes coronariens aigus (nombreuses descriptions en particulier de sténoses coronaires ostiales, très évocatrices).

Neurosyphilis

Le détail des atteintes neurologiques de la syphilis est abordé dans un chapitre particulier.

Classiquement rattachée à la syphilis tertiaire, elle peut en fait survenir à toutes les phases de la maladie, généralement entre les troisième et dix-huitième mois post-infection (rarement jusqu'à 20 ans post-infection). Très rare. Evolution aiguë ou chronique. Manifestations pléïomorphes (de règle, toute manifestation clinique neurologique "inexpliquée" doit faire réaliser une sérologie syphilitique).

  • Neurosyphilis asymptomatique
    • Les anomalies du liquide céphalo-rachidien seraient très fréquentes au cours de la maladie, mais n'ont jamais été associées à un risque accru de neurosyphilis symptomatique → pas d'indication de ponction lombaire systématique en cas de syphilis sans symptomatologie neurologique.
  • Neurosyphilis symptomatiques :
    • Toutes les neurosyphilis débutent par une méningite le plus souvent apyrétique, celle-ci étant susceptible d'évoluer vers différentes formes isolées ou combinées. Les tableaux cliniques sont très variables, les formes systématisées étant :
      • Méningite et méningo-encéphalite : signes méningés, apyrétique, confusion, convulsion, paralysies des nerfs crâniens. Des tableaux aigus mimant une encéphalite herpétique sont décrits.
      • Syphilis neuro-vasculaire : accident vasculaires cérébraux souvent multiples sur vasculite (tout accident vasculaire cérébral chez un sujet < 50 ans doit faire réaliser une sérologie syphilitique... l'indication étant moins évidente chez les sujets plus âgés)
      • Paralysie générale : démence, dysarthrie, parésies, myoclonies, tremblements,…
      • Tabès "ataxie locomotrice progressive" (rare, quasi disparu) : douleurs des membres inférieurs, ataxie, incontinence, aréflexie, troubles trophiques (déformations articulaires et mal perforant plantaire).
      • Atrophie optique : cécité progressive d'un œil puis de l'autre
      • Syphilis médullaire : paraplégie spastique progressive
      • Signe d'Argyll Robertson – exceptionnel mais classique

Examens complémentaires

  • Examen direct (raclage du fond du chancre ou de syphilides papuleuses érosives)
    • Microscope à fond noir (peu spécifique) et immunofluorescence
  • Sérologie sanguine
    • Tests non tréponémiques (VDRL, RPR) = dépistage – très sensible, moyennement spécifique, reflète l'activité de la maladie (→ également utile pour le suivi)
    • Tests tréponémiques (TPHA, FTA) = diagnostic – moyennement sensible mais très spécifique, ne reflète pas l'activité de la maladie  (→ pas d'utilité de répéter le test)
    • ELISA, Western-Blot = diagnostic
  • Ponction lombaire et examen ophtalmologique
    • Indications : uniquement en cas de sérologie sanguine positive ET de signe neurologique ou ophtalmologique ou d'otite ou de syphilis tertiaire ou de patient HIV positif ou d'échec d'un premier traitement
    • Anomalies variables, on peut retrouver :
      • Pléiocytose 200-300 cellules/ mm³, généralement lymphocytaire
      • Protéinorachie haute à 40-200 mg/ 100 ml
      • Glycorachie normale
      • Sérodiagnostic sur le liquide céphalo-rachidien
    • Critères biologiques d'une neurosyphilis (IUSTI 2008) :
      • TPHA positif dans le liquide céphalo-rachidien ET un des deux critères suivants :
        • VDRL positif dans le liquide céphalo-rachidien OU > 5 mononucléaires/ cc
        • Index TPHA > 70 (= TPHA du liquide céphalo-rachidien x albumine sérique / albumine du liquide céphalorachidien)

Schématiquement :

  • Sérologies sanguines :
    • VDRL négatif et TPHA négatif : stop
    • VDRL positif et TPHA positif :
      • Présence d'IgM et Nelson négatif → syphilis précoce ++
      • Absence d'IgM et Nelson positif → syphilis tardive ++ ou cicatrice sérologique dans les mois suivant le traitement ou réinfection
    • VDRL négatif et TPHA positif : cicatrice sérologique ou, rarement, infection très précoce → rechercher IgM ou répéter sérologies après quelques semaines
    • VDRL positif et TPHA négatif... difficile de conclure... à confronter à la présomption clinique...
  • Examens du liquide céphalo-rachidien :
    • Contrairement aux sérologies sanguines, la sensibilité du VDRL est faible (30 à 70%) mais très spécifique. Le TPHA étant plus sensible mais restant positif après traitement (→ inutile en cas de suspicion de réinfection). Elévation inconstante des Ig.
    • L'examen n'est recommandé qu'en cas de TPHA sanguin positif ET de clinique neurologique, ophtalmologique, otique ou de patient HIV positif

Diagnostics différentiels

  • Chancre → ulcérations génitales : infections (herpès génital [ulcération douloureuse post-vésiculeuse], chancre mou [++ adénopathie inflammatoire inguinale fistulisant à la peau], urétrite ou vulvovaginite à gonocoque, vaginites à trichomonas, candidoses génitales,…), caustiques, néoplasiques, Behçet, toxidermies, crohn,…
  • Manifestations articulaires ; causes d'oligo et polyarthrites
  • Neurosyphilis → démences, accidents vasculaires cérébraux de toutes origines, myélites, méningites, sclérose en plaques, panencéphalites sclérosante subaiguë, tumeurs,…`
  • Syphilis cardiaque : cardiomyopathies ischémiques, autres causes d'aortite

Prise en charge thérapeutique - Traitements

  • Dépistage et traitement des partenaires sexuels (problématique éthique en cas de refus du patient d'avertir ses partenaires, ce qui est très fréquent)
  • Traiter également gonocoque et chlamydia le cas échéant
  • Syphilis primaire/ secondaire ou latente précoce :
    • Dose unique de benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM (le plus efficace)
      • Si allergie à la pénicilline → préférer la désensibilisation → si impossible :
        • Doxycycline 2 x 100 mg PO 14 jours ou Azithromycine 2 g PO dose unique (mais plus d'échec)
        • Si allergie non IgE médiée : ceftriaxone 1 g IV ou IM 10 jours
  • Syphilis latente tardive, cardiovasculaire ou échec thérapeutique (titre VDRL non diminué par un facteur 4 après 6 à 12 mois)
    • Pendant 3 semaines : benzathine benzyl pénicilline 2,4.10^6 UI IM/ semaine
      • Si allergie à la pénicilline : ceftriaxone 1 g IV ou IM 10 jours
  • Neurosyphilis ou syphilis oculaire :
    • Pen G 4.10^6 UI x 6/ jour IV pendant 10 à 14 jours
      • Si allergie à la pénicilline : doxycycline, 2 x 100 mg IV ou per os pendant > 30 jours
      • Enfant ou femme enceinte : erythromycine
        • Enfant : 30 à 50 mg/ kg per os > 30 jours - avis pédiatrique préalable systématique
        • Femme enceinte : 4 x 500 mg/ jour per os > 30 jours - avis gynécologique préalable systématique

Après un traitement efficace, les titres VDRL dans le sang et le liquide céphalo-rachidien doivent être diminuées d'au moins 4 à 6 fois. Dans le cas contraire, évoquer un échec thérapeutique, une réinfection ou une erreur diagnostique. Contrôle du liquide céphalo-rachidien tous les 6 mois jusqu'à normalisation à 2 ans.

A noter l'existence du syndrome de Jarisch = fièvre, myalgies, céphalées, tachycardie, hypotension artérielle, aggravation des lésions neurologiques… survenant sous traitement dans 25% des syphilis tertiaires, 90% des secondaires et 50% des primaires. Traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens (ou corticoïdes si nécessaires). Certains administrent siminultanément du medrol au traitement de façon prophylactique...

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD