« Syndrome inflammatoire de restauration immune (SIRI - IRIS) » : différence entre les versions

Version actuelle datée du 5 novembre 2022 à 09:01

Un syndrome inflammatoire de restauration immune (IRIS ou SIRI), ou syndrome d'immunorestauration ou syndrome de reconstitution immunitaire (SRI), est un ensemble de manifestations cliniques de nature inflammatoires survenant lors d'une reconstitution immunitaire excessive ou insuffisamment régulée. Son taux de mortalité est très variable selon la pathologie de fond et/ ou la pathologie induite… mais est généralement élevé (10 à 60% selon les principales séries).

Evocation diagnostique

Un IRIS est à évoquer face à l'association de :

Manifestations pathologiques liées à des signes inflammatoires lors d'une restauration d'immunité
Manifestations non expliquées par un échec thérapeutique, une affection intercurrente, des effets iatrogènes et l'évolution de la pathologie infectieuse ou immunitaire sous-jacente. Il s'agit donc avant tout d'un diagnostic d'exclusion

Des critères diagnostiques existent dans le cadre d'un SIDA sous-jacent (cf infra).

Principales formes physiopathologiques

IRIS paradoxal

Un "IRIS paradoxal" peut survenir lorsque le traitement d'une infection opportuniste ou intercurrente entraîne une aggravation, après une éventuelle phase d'amélioration, secondaire à une reconstitution immune excessive.

IRIS infectieux

Un "IRIS infectieux" survient lorsque la reconstitution d'une réponse immune entraîne une réaction envers un agent infectieux jusque là quiescent.

IRIS auto-immun

Un "IRIS auto-immun" consiste en un déclenchement ou une aggravation d'une pathologie auto-immunes (sarcoïdose, lupus érythémateux disséminé, syndrome de Guillain-Barré, thyroïdite,...) par une reconstitution de la réponse auto-immune

Etiologies

Dans le cadre du SIDA

La majorité des cas d'IRIS surviennent au cours de la prise en charge du SIDA.

D'après Rotnam (2006), un IRIS surviendrait chez 23% des HIV+. Les facteurs de risque sont : jeune âge, taux de CD4 initial inférieur à 10% et rapport CD4/ CD8 inférieur à 0,15. 65% des cas surviennent endéans les 3 mois d'une amélioration immune.

D'après Shelburne (2005), un IRIS concernerait 32% des patients HIV+ ayant une infection opportuniste (BK, Mycobacterium Avium Complex, cryptococcose). Les facteurs de risque sont : délai d'introduction des antirétroviraux, décroissance rapide de la charge virale initiale.

Des critères diagnostiques (Shelburne et al, 2002) ont été établis :

Patient HIV+ sous traitement antirétroviral
ARN HIV en diminution
CD4+ en augmentation
Symptômes compatibles avec un processus inflammatoire
Symptomatologie non compatible avec le cours naturel de la maladie ou une maladie opportuniste connue ou nouvelle

Dans ce cadre, on distingue différentes formes d'IRIS :

Forme infectieuse de survenue précoce (moins de 3 mois après introduction du traitement antirétroviral)
- Est généralement la conséquence d'une exacerbation aiguë d'une réponse immunitaire contre un agent opportuniste présent jusqu'à alors quiescent associée à un syndrome inflammatoire diffus et d'intensité non contrôlée.
Forme infectieuse de survenue tardive (> 3 mois après introduction du tt antirétroviral)
- Est généralement la conséquence d'une réponse immune incontrôlée vis-à-vis d'un antigène d'un agent infectieux non viable
Forme sarcoïsodique
Forme auto-immune (généralement de survenue tardive, plusieurs mois après introduction du traitementt antirétroviral)

Hors du cadre du SIDA

Un IRIS peut se rencontrer dans le cadre d'immunorestauration sur fond de nombreuses situations : traitement de tuberculose pulmonaire, traitement de cancers, greffes, arrêt d'immunosuppresseurs, thyroïdites de Hashimoto ou Basedow,...

Prise en charge thérapeutique - Traitements

Il n'existe pas de consensus quant à la prise en charge… idéalement établie de façon multidisciplinaire (hématologues, infectiologues, spécialistes de la pathologie induite ou en aggravation, instansivistes). Quelques règles générales semblent cependant raisonnables :

Ne pas interrompre le traitement de la maladie sous jacente. A discuter si l'IRIS menaçe le pronostic vital.
Poursuivre ou initier le traitement de la pathologie induite, démasquée ou en aggravation !
Selon la gravité, envisager :
- Attitude attentiste
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
- Corticothérapie (ex : prednisolone 1 mg/ kg/ jour durant 2 semaines avant schéma dégressif)

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD

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-= syndrome d'immunorestauration = syndrome de reconstitution immunitaire (SRI)
+<p style="text-align: left">Un '''syndrome inflammatoire de restauration immune (IRIS ou SIRI)''', ou syndrome d'immunorestauration ou syndrome de reconstitution immunitaire (SRI), est un ensemble de manifestations cliniques de nature inflammatoires survenant lors d'une reconstitution immunitaire excessive ou insuffisamment régulée. Son taux de mortalité est très variable selon la pathologie de fond et/ ou la pathologie induite… mais est généralement élevé (10 à 60% selon les principales séries).</p>
+== Evocation diagnostique ==
-&nbsp;
+<p style="text-align: left">Un IRIS est à évoquer face à l'association de&nbsp;:</p>
-= ensemble de manifestations cliniques de nature inflammatoires survenant lors d'une reconstitution immunitaire excessive ou insuffisamment régulée. '''Mortalité variable selon la patho de fond et la patho induite… mais généralement très élevée '''(10-60% selon les principales séries) !
-&nbsp;
-== DIAGNOSTIC ==
-&nbsp;
-A évoquer face à l'association de :
 *Manifestations pathologiques liées à des signes inflammatoires lors d'une restauration d'immunité
-*Manifestations non expliquées par un échec thérapeutique/ une infection/ des effets iatrogènes/ l'évolution de la pathologie infectieuse ou immunitaire sous-jacente. '''Il s'agit donc avant tout d'un <u>diag d'exclusion</u>'''
+*Manifestations non expliquées par un échec thérapeutique,&nbsp;une affection intercurrente,&nbsp;des effets iatrogènes et&nbsp;l'évolution de la pathologie infectieuse ou immunitaire sous-jacente. '''Il s'agit donc avant tout d'un <u>diagnostic d'exclusion</u>'''
+<p style="text-align: left">Des critères diagnostiques existent dans le cadre d'un SIDA sous-jacent (cf infra).</p>
-&nbsp;
+== Principales formes physiopathologiques ==
-Des critères diagnostiques existent dans le cadre d'un SIDA sous-jacent
-&nbsp;
-== PRINCIPALES FORMES CLINIQUES ==
+=== IRIS paradoxal ===
+<p style="text-align: left">Un "IRIS paradoxal" peut survenir lorsque le traitement&nbsp;d'une infection opportuniste ou&nbsp;intercurrente entraîne une aggravation, après une éventuelle phase d'amélioration, secondaire à une reconstitution immune excessive.</p>
+=== IRIS infectieux ===
+<p style="text-align: left">Un "IRIS infectieux" survient lorsque&nbsp;la reconstitution d'une réponse immune entraîne une réaction envers un agent infectieux jusque là quiescent.</p>
+=== IRIS auto-immun ===
+<p style="text-align: left">Un "IRIS auto-immun" consiste en un déclenchement ou une aggravation d'une pathologie&nbsp;auto-immunes&nbsp;(sarcoïdose, lupus érythémateux disséminé, syndrome de Guillain-Barré, thyroïdite,...)&nbsp;par une reconstitution de la réponse auto-immune</p>
+== Etiologies ==
-&nbsp;
+=== Dans le cadre du SIDA ===
+<p style="text-align: left">La majorité des cas d'IRIS surviennent au cours de la prise en charge du SIDA.</p><p style="text-align: left">D'après Rotnam (2006), un IRIS surviendrait chez 23% des HIV+. Les facteurs de risque sont&nbsp;: jeune âge, taux de CD4 initial inférieur à&nbsp;10% et rapport&nbsp;CD4/ CD8 inférieur à&nbsp;0,15.&nbsp;65% des cas surviennent&nbsp;endéans les 3 mois d'une amélioration immune.</p><p style="text-align: left">D'après Shelburne (2005), un IRIS concernerait 32% des patients HIV+ ayant une infection opportuniste (BK, Mycobacterium Avium Complex, cryptococcose). Les facteurs de risque sont : délai d'introduction des antirétroviraux, décroissance rapide de la charge virale initiale.</p>
+==== Des critères diagnostiques (Shelburne et al, 2002) ont été établis : ====
-#<u>IRIS PARADOXAL</u>
+*Patient HIV+ sous traitement&nbsp;antirétroviral
-&nbsp;
-= le tt d'une infection opportuniste/ intercurrente entraîne une aggravation, après une éventuelle phase d'amélioration, secondaire à la reconstitution immune
-&nbsp;
-#<u>IRIS INFECTIEUX</u>
-&nbsp;
-= la reconstitution d'une réponse immune envers un agent infectieux quiescent mais viable démasque une infection jusqu'alors asymptomatique
-&nbsp;
-#<u>IRIS AUTO-IMMUN</u>
-&nbsp;
-= pathologies auto-immunes/ inflammatoires (sarcoïdose, LED, Guillain-Barré, thyroïdite) déclenchée/ aggravée par une amélioration de la réponse auto-immune
-&nbsp;
-== ETIOLOGIES ==
-&nbsp;
-#'''<u>DANS LE CADRE DU SIDA</u>''' +++
-&nbsp;
-D'après Rotnam (2006), l'IRIS concernerait 23% des HIV+. FR : jeune âge, CD4 < 10%, CD4/CD8 < 0,15, 65% des cas dans les 3 mois d'une amélioration immune.
-&nbsp;
-D'après Shelburne (2005), l'IRIS concernerait 32% des patients ayant une infection opportuniste (BK, Mycobacterium Avium Complex, cryptococcose). FR : délai d'introduction des antirétroviraux, décroissance rapide de la charge virale initiale.
-&nbsp;
-<ol style="list-style-type:lower-alpha;">
-<li><u>Critères diagnostiques</u> (Shelburne et al, 2002)</li>
-</ol>
-&nbsp;
-*HIV+ sous tt antirétroviral
 *ARN HIV en diminution
 *CD4+ en augmentation
 *Symptômes compatibles avec un processus inflammatoire
-*Symptomatologie non compatible avec le cours naturel de la maladie/ d'une maladie opportuniste connue ou nouvelle/
+*Symptomatologie non compatible avec le cours naturel de la maladie ou une maladie opportuniste connue ou nouvelle
-&nbsp;
-<ol style="list-style-type:lower-alpha;">
-<li><u>FORMES D'IRIS</u></li>
-</ol>
-&nbsp;
-*<u>Forme infectieuse de survenue précoce</u> (< 3 mois après introduction du tt antirétroviral)
-o&nbsp;&nbsp; Conséquence d'une exacerbation aiguë d'une réponse immunitaire contre un agent opportuniste présent associée à un syndrome inflammatoire diffus et d'intensité non contrôlée.
+==== Dans ce cadre, on distingue différentes formes d'IRIS : ====
+*<u>Forme infectieuse de survenue précoce</u> (moins de&nbsp;3 mois après introduction du traitement&nbsp;antirétroviral)
+**Est généralement la conséquence d'une exacerbation aiguë d'une réponse immunitaire contre un agent opportuniste présent jusqu'à alors quiescent&nbsp;associée à un syndrome inflammatoire diffus et d'intensité non contrôlée.
 *<u>Forme infectieuse de survenue tardive</u> (> 3 mois après introduction du tt antirétroviral)
+**Est généralement la conséquence d'une réponse immune incontrôlée vis-à-vis d'un antigène d'un agent infectieux non viable
-o&nbsp;&nbsp; Conséquence d'une réponse immune incontrôlée vis-à-vis d'un antigène d'un agent infectieux non viable
 *<u>Forme sarcoïsodique</u>
-*<u>Forme auto-immune</u> (++ de survenue tardive, qq mois après introduction du tt antirétroviral)
+*<u>Forme auto-immune</u> (généralement&nbsp;de survenue tardive, plusieurs mois après introduction du traitementt antirétroviral)
-&nbsp;
-#<u>HORS DU CADRE DU SIDA</u>
-&nbsp;
-Un IRIS peut se rencontrer dans le cadre d'immunorestauration sur fond de nombreuses situations ou leur tt : Tbc pulmonaire, cancers, transplantations, arrêt d'immunosuppresseurs, thyroïdites de Hashimoto ou Basedow,…
-&nbsp;
-== ELEMENTS DE PRISE EN CHARGE ==
-&nbsp;
-! Pas de consensus… Prise en charge multidisciplinaire (hémato – infectios – spécialistes de la patho induite/ en aggravation) ! Quelques règles semblant raisonnables :
-*Ne pas interrompre le traitement de la maladie sous jacente ! A discuter si l'IRIS menaçe le pronostic vital !
-*Poursuivre ou initier le traitement de la pathologie induite/ démasquée/ en aggravation !
-*Selon la gravité, envisager :
-o&nbsp;&nbsp; Attitude attentiste
+=== Hors du cadre du SIDA ===
+<p style="text-align: left">Un IRIS peut se rencontrer dans le cadre d'immunorestauration sur fond de nombreuses situations&nbsp;: traitement de tuberculose&nbsp;pulmonaire, traitement de cancers, greffes, arrêt d'immunosuppresseurs, thyroïdites de Hashimoto ou Basedow,...</p>
+== Prise en charge thérapeutique - Traitements ==
+<p style="text-align: left">Il n'existe pas de consensus quant à la prise en charge… idéalement établie de façon multidisciplinaire (hématologues,&nbsp;infectiologues,&nbsp;spécialistes de la pathologie induite ou&nbsp;en aggravation, instansivistes).&nbsp;Quelques règles générales semblent cependant raisonnables&nbsp;:</p>
+*Ne pas interrompre le traitement de la maladie sous jacente.&nbsp;A discuter si l'IRIS menaçe le pronostic vital.
+*Poursuivre ou initier le traitement de la pathologie induite,&nbsp;démasquée ou&nbsp;en aggravation&nbsp;!
+*Selon la gravité, envisager&nbsp;:
+**Attitude attentiste
+**Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
+**Corticothérapie&nbsp;(ex : prednisolone 1 mg/ kg/ jour durant 2 semaines avant schéma dégressif)
-o&nbsp;&nbsp; AINS
+== Auteur(s) ==
-o&nbsp;&nbsp; Corticoth (prednisolone 1 mg/kg/j durant 2 sem puis décroissance progressive)
+Dr [[Utilisateur:Shanan Khairi|Shanan Khairi]], MD {{Modèle:Catégorie|Hématologie}}{{Modèle:Catégorie|Infectiologie}}

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