Spectres antibiotiques

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Les spectres antibiotiques désignent la liste des bactéries sur lesquelles ils sont actifs. Si leur connaissance peut sembler fastidieuse, il est cependant parfois plus aisé et plus utile d’identifier et de retenir les « trous » dans le spectre d’une molécule que le détail d’un spectre dont l’utilisation en clinique est souvent bien plus réduit que le spectre ne le permet.

Leur description peut se faire de multiples façons. L'utilisation de la CMI (concentration minimale inhibitrice) est l'une des plus usitées en effectuant une gradation entre "sensible" (effet clinique attendu aux doses usuelles), "intermédiaire" (effet clinique attendu à des doses supérieures aux doses usuelles) et "résistante" (échec clinique attendu indépendamment de la dose).

Il convient par ailleurs de ne pas oublier que le spectre ne fait pas tout : certaines molécules actives in vitro sont peu utilisées par manque d’études cliniques. D’autres, parmi les plus récentes, ne disposent parfois d’autorisation de mises sur le marché que pour un nombre réduit d’indications, reflétant le peu d’études disponibles actuellement. Ils doivent être idéalement confrontés à l'épidémiologie locale (variation des antibiorésistances dans l'espace). Enfin, des éléments connexes peuvent justifier la position de spécialités dans les guidelines thérapeutiques. Ainsi, l’association amoxicilline-acide clavulanique est très peu utilisée aux Etats-Unis car les antibiotiques y sont préparés de longues heures à l’avance dans des pharmacies centralisées et que la stabilité de cette association est trop courte, alors que dans nos hôpitaux, les perfusions sont préparées peu de temps avant l’administration directement dans l’unité de soins.

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Les principaux éléments différenciant les spectres les uns des autres peuvent être résumés comme suit :

  • Couverture des staphylocoques dorés (S aureus) ?
  • Couverture des entérocoques ?
  • Couverture des pseudomonas aeruginosa ?
  • Couverture des anaérobies ?
  • Couverture des Listeria ?

La couverture des bacilles à Gram négatif de type entérobactéries peut se différencier comme suit :

  • Bactéries extra-hospitalière ? (ex : couverture par amoxicilline-clavulanate)
  • Bactéries intra-hospitalière ? (ex : couverture par piperacillin-tazobactam)
  • Bactéries productrice d’une b-lactamase ? (ex : couverture par meropenem)
  • Bactéries productrices d’une carbapénémase ? (ex : couverture par un « cocktail » antibiotique ou tigecycline)

L’important en clinique est de maitriser les spectres antibiotiques afin de pouvoir initier un traitement empirique d’infections aiguës extra- et intra-hospitalières sur base du pathogène supposé sans attendre les résultats microbiologiques. La diversité des mécanismes de résistance et la variation de ceux-ci dans le temps nécessiteront ensuite éventuellement un ajustement fin sur base des résultats microbiologiques, disponibles pour les pyogènes ordinaires avec les méthodes classiques (sans recours à la biologie moléculaire) entre 24 et 72 heures après la mise en culture. Dans un futur proche, les techniques de biologie moléculaire devraient permettre de détecter en quelques heures la présence ou pas de mécanismes de résistance et d’ajuster le spectre en fonction.

Dans de nombreuses situations, l’antibiotique administré va sélectionner des germes qui lui sont ou lui deviennent résistant, et favoriser des infections à des micro-organismes correspondant au trou de son spectre.

Les grandes lignes des spectres des principales familles antibiotiques sont abordées dans des articles spécifiques :

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Auteur(s)

Baudouin Byl, MD

(Mis en forme, revu et modifié par Shanan Khairi, MD)