Prurit

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= sensation cutanée déplaisante entraînant un besoin de grattage. Physiopathologie encore obscure. De cause le plus svt dermatologique.

Démarche initiale

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A rechercher systématiquement à l'anamnèse :

  • Discriminer un prurit de douleurs/ paresthésies
  • Antécédents
  • Caractéristiques : date et mode de début (brutal/ progressif), évolution aiguë/ paroxystique/ chronique, chronologie (horaire et période de l'année), diffus/ localisé, intensité (gêne dans le travail/ quotidien/ vie affective/ sommeil), caractère familial, existence d'un prurit collectif, facteurs déclenchants (stress, irritants, hypersudation, sport, bains, douches, repas)/ calmants (froid, détente), topographie et extension, effet des (auto)-traitements déjà proposés
  • Signes d'accompagnement : amaigrissement, sueurs nocturnes, syndrome dépressif, température,…
  • Traitement et prises médicamenteuses avant l'apparition du prurit (! Le prurit peut suivre de plusieurs années l'introduction d'une molécule !)
  • Voyages, profession, contacts avec animaux, exposition à une substance irritante (irritants aéroportés [plantes, laine de verre, solvants,…], cosmétiques et excipients, lotions et pommades diverses, parfums, savons,…)

A rechercher systématiquement à l'examen clinique :

  • Lésions non spécifiques liées au grattage : excoriations linéaires/ en coups d'ongle, lichénification, lésions de prurigo, pigmentation localisées
  • Caractériser les éventuelles lésions élémentaires non liées au grattage, reconnaître les lésions évocatrices (eczéma, urticaire, lichen, gale,…)
  • Examen général centré sur l'abdomen et les aires ganglionnaires

Prurit localisé sans lésion non liée au grattage

Exclure une atteinte nerveuse :

  • Notalgie paresthésique
    • = neuropathie sensitive. Une compression des racines nerveuses rachidienne est svt évoquée comme étiologie.
    • Possible caractère familial (syndrome de Sipple)
    • Clinique = sensations aN (prurit/ paresthésies/ douleur) dans le haut du dos en paravertébral.
      • Possibles autres localisations : cruralgie/ lombalgie/ brachialgie paresthésique
      • Zone prurigineuse parfois pigmentée (amyloïdose cutanée – lien discuté avec la notalgie parasthésique)
    • Traitement = capsaïcine en préparation magistrale (ou amitriptyline min 50 mg/j ou gabapentine), suppression des édulcorants alimentaires. Derniers recours : physiothérapie (US), bloc anesthésique paravertébral, stimulation électrique transcutanée.
  • Atteinte cérébrale (exceptionnel, ++ prurit focal paroxystique) : abcès, AVC, SEP, SLA, tumeur,…
  • Compressions médullaires

Exclure une cause systémique (cf prurit diffus sans lésion liée au grattage… ex : le prurit de l'IRC est localisé dans ~50% !)

Dermatose paucisymptomatique

Psychogène

Prurit localisé avec lésions non liées au grattage

On évoquera selon la localisation et l'aspect des lésions :

  • Cuir chevelu : pédiculose, dermite séborrhéique, psoriasis, teigne, dermatite irritative, eczéma de contact
  • Visage : dermite séborrhéique, eczéma, photodermatoses
  • Dos / épaules : folliculite pityrosporique, séquelles de zona
  • Plis : mycoses
  • Ano-génital : oxyurose, candidose, psoriasis, idiopathique, candidose, lichen scléroatrophique, vulvite, balanite, gale, dermatophyties, néoplasie, dermite de contact
  • Anal : oxyurose, parasitoses, candidose, psoriasis, idiopathique, diarrhée chronique
  • Membres : dermatite atopique, dishydrose, lichen plan, psoriasis, dermatite herpétiforme, dermatophyties, gale
  • Toute localisation : eczéma de contact, névrodermites, piqûres d'insectes, mycoses

Prurit diffus sans lésion non liée au grattage

Etiologies possibles :

  • Dermatoses (~55%) paucisymptomatiques, cf infra
  • Causes systémiques (~35%)
    • Hématologiques : lymphomes (30% de prurit, ++ paroxysmes nocturnes), gammapathies, maladie de Vaquez ou autres polyglobulies (parfois sous forme d'un prurit aquagénique/ lié à la chaleur), syndrome d'hyperEo, mastocytose, anémie ferriprive, dysglobulinémie
    • Métaboliques : cholestase : hépatites, cirrhose biliaire primitive, grossesse, obstacle biliaire (précède parfois de qq années les autres signes, ++ extrémités et zones de frottement, ++ paroxysmes nocturnes, pigmentation cutanée), IRC (++ paroxystique), dyalisés, hyper/hypothyroïdie, diabète
    • Endocriniens : hyperthyroïdie (prurit dans 10%, +- urticaire), hypothyroïdie, diabète (rare, exclure une candidose), hyper/hypoparathyroïdies
    • Neurologiques : SEP, SLA, Creutzfeld-Jakob
    • Infections : HIV, hépatites, parasitoses (onchocercose, anguillulose, ascaridiose, oxyurose, trichocéphalose, trichinose, larva migrans, distomatose, bilharziose, échinococcose, kyste hydatique, taeniase)
    • Syndrome paranéoplasique (rare)
    • Aquagéniques (qq min après un contact avec l'eau, dure 10-120 min, +- associé à une polyglobulie/ syndrome hyperéosinophilique/ leucémie lymphoblastique/ myélodysplasie… pouvant se révéler des années plus tard !)
    • Iatrogènes : AINS, AAS, IEC, diurétiques (furosémide, thiazidiques), opiacés, antidépresseurs imipraniques, phénothiazines, sirops antitussifs, bétalactamines, érythromycine, colitsine, polymyxine B, sulfamides, métronidazole, loméfloxacine, nitrofurantoïne, kétoconazole, miconazole, aciclovir, chloroquine, hélofantrine, anesthésiques, sels d'or, puritinol, œstroprogestatifs, anabolisants, antithyroïdiens, β-bloquants, IEC, clonidine, amiodarone, quinidine, diazoxide, imipramine, phénothiazines, héparine, warfarine, coumadine, rétinoïdes, vitamines B, acide nicotinique, PC iodés, bléomycine, cimétidine, allopurinol,…
    • Grossesse (cholestase gravidique, dermatose prurigineuse gravidiue, pemphigoïde gestationnelle,…) → avis dermato systématique
    • Rares : sarcoïdose, Sjögren, hémochromatose
  • Sénile : à poser après exclusion des autres causes chez les > 70 ans (traitements très dévants, apparition fréquente de syndromes dépressiifs !)
  • Indéterminée et psychogène (~10%)

Bilan de 1ère intention :

  • Biol de base : numération-formule, VS, CRP, bilan rénal et hépatique, glycémie à jeun, ionogramme (Ca), fer, ferritine, Sat-Tf, TSH, LDH, IgE + examen parasitologique des selles. Un prurit lié à une hyperuricémie révèle quasi toujours une hémopathie. Un prurit lié à une hyperCa est généralement lié à une hyperparathyroïdie
  • D'emblée ou selon éléments d'orientation :
    • Compléments de biol : électrophorèse et immunofixation des protéines, sérologies HIV/ HAV/ HBV/ HCV/ amibe/ douve/ toxocara, Ac anti-mitochondries
    • RX thorax (adp médiastinales ?)
    • Echo abdo
    • Biopsie cutanée (lésions bulleuses infra-cliniques,…?)

Prurit diffus avec lésions non liées au grattage

On s'orientera selon l'aspect des lésions :

  • Xérose cutanée :
    • Sécheresse cutanée, prurit de la sénescence
    • Ichtyoses
  • Macules : rash médicamenteux
  • Papules :
    • Urticaire
    • Lichen plan
    • Herpes gestationis
  • Papulo-vésiculeuse : prurigo
  • Vésico-bulleuse :
    • Varicelle
    • Eczéma
      • s'assurer qu'il ne soit pas lié à l'application d'un tt local (par ex pour tter un prurit d'une autre origine).
  • Photodermatose
  • Dermatophytose
  • Pemphygoïde bulleuse
  • Dermatite herpétiforme
  • Epidermolyse bulleuse
  • Plaques érythémato-squameuses :
    • Lymphome cutané
    • Psoriasis

Eventuels examens complémentaires selon l'orientation/ le doute diag (ex : éosinophilie en cas de suspicion de suspicion d'allergie/ toxidermie/ pemphigoïde bulleuse/ parasitose/ lymphome/ syndrome hyperéosinophilique,…)

Traitements

  • Traitement étiologique si possible
  • Traitement symptomatique :
    • Prévention générale : utiliser des émollients et savons surgras
    • Antiprurigineux locaux (++ en cas de prurit parroxystique) : eau fraîche, préparations à partir de glycocolle/ acides gras essentiels (sédagel de La Roche,…), préparations de capsacaïne, corticoïdes locaux durant de courtes durées, limiter au max leur utilisation
    • PUVAth suivie de l'application d'émollients (car risque de sclérose cutanée responsable de… prurit)
    • Anti-histaminiques H1 ++ de seconde génération (contre indiqués en cas d'arythmies, moins sédatifs, mais plus grande efficacité des premières générations en cas de prurit psychogène)
    • Divers : fluoxétine (++ en cas de prurit psychogène/ sénile), phénobarbital, butyrophénone, naloxone (++ prurit hépatique ou hémodialysés), EPO (++ prurit des hémodialysés),…
    • Acupuncture, crénoth, relaxation, psychoth, placebos,…

Auteur : Shanan Khairi, MD