« Patient fébrile (fièvre) ou suspect d'infection aux urgences » : différence entre les versions

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Infection ne rime pas toujours avec fièvre (corticoth, AINS, sepsis sévères, vieux, IR,…) et fièvre ne signifie pas toujours infection (fièvres factices, thrombo-embolies, néos, vasculites,…). '''<u>Ne jamais hésiter à appeler l'infectio de référence</u>'''
<p style="text-align: left;">La prise en charge d'un <b>patient fébrile ou suspect d'infection</b> aux urgences (ou en consultation) est fréquente. La majorité d'entre eux souffrent d'une infection virale et ne nécessitent d'autre prise en charge qu'une réassurance et éventuellement un traitement symptomatique. Cependant, infection ne rime pas toujours avec fièvre (corticothérapie et immunosuppresseurs, anti-inflammatoires non stéroïdiens, sepsis sévères, patients âgés, insuffisance rénale chronique,…) et fièvre ne signifie pas toujours infection (fièvres factices, thrombo-embolies, néoplasies, connectivites et vasculites,…). L'enjeu réside avant tout dans l'identification de la minorité de patients nécessitant une antibiothérapie (suspicion d'infection bactérienne), un autre traitement spécifique et/ ou une hospitalisation pour mise au point.<p style="text-align: left;">'''Aux urgences, il ne faut jamais hésiter à appeler l'infectiologue de référence en cas de doute quant à l'attitude appropriée, particulièrement pour un patient immuno-déprimé.'''</p>
== Quand suspecter une infection en l'absence de fièvre&nbsp;? ==
<p style="text-align: left;">Trois types de patients nécessiteront la recherche systématique d'une infection en cas de dégradation de l'état général ou d'une confusion&nbsp;:</p>
*Patient âgés → infection pulmonaire (+++), urinaire (++, plus fréquente chez les femmes), diverticulite, méningite (rare),...
*Diabétiques et cirrhotiques décompensés
*Immunodéprimés


&nbsp;
== Quand douter d'une infection en présence de fièvre&nbsp;? ==


'''<u>Quand suspecter une infection en l'absence de fièvre ?</u>'''
*Dissociation pouls-température (absence de tachycardie en présence de fièvre) et conservation de l'état général → fièvre factice ou simulation&nbsp;?
**NB&nbsp;: une dissociation pouls-température peut également se rencontrer dans&nbsp;: fièvre typhoïde, légionellose, brucellose, lymphome, fièvres médicamenteuses
*Température > 41°C → l'origine est rarement infectieuse mais plus souvent centrale, coups de chaleur, paranéoplasique, syndrome malin des neuroleptiques,…
*Contexte anamnestique et clinique évoquant une autre étiologie


Trois types de patients nécessiteront la recherche d'une infection en cas de DEG/ confusion :
== Quelles questions ne jamais oublier de poser&nbsp;? ==
<p style="text-align: left;">On s'enquerra de façon systématique d'un '''voyage''' dans les semaines précédentes. En cas de réponse positive :</p>
*il s'agit d'une infection acquise lors du voyage dans ~ 50% des cas.
*compléter l'anmnèse par les vaccinations réalisées ainsi que les prophylaxies et précautions suivies, précautions.
*Trois diagnostics sont à évoquer systématiquement au retour d'un voyage tropical&nbsp;: pyélonéphrite (femme ++), malaria, typhoïde.
<p style="text-align: left;">En cas d'étiologie non évidente, on s'enquerra alors :</p>
*de la prise éventuelle de médicaments introduits récemment (inducteurs de fièvres médicamenteuses&nbsp;? antibiothérapies récentes&nbsp;?)
*de contacts avec des animaux (domestiques et sauvages) où leurs déchets et produits et particulièrement de morsures ou griffures.
*des hobby, occupations et travaux récents.
*d'une éventuelle périodicité de la fièvre… bien qu'une périodicité soit très peu spécifique en dehors d'un pic 1 tous les deux à trois jours (évocateur d'une infestation à plasmodium falciparum, à corréler aux voyages récents)


*vieux → infection pulmonaire (+++), urinaire (++ F), diverticulite, méningite (rare)
== Que faire en cas de suspicion de fièvre médicamenteuse&nbsp;? ==
*diabétiques et cirrhotiques décompensés
<p style="text-align: left;">Malheureusement, les médicaments possiblement inducteurs de fièvres sont innombrables (dans 50% des cas, il s'agit... d'un antibiotique)&nbsp;: la majorité des antibiotiques et anti-cancéreux, les psychotropes (++ neuroleptiques et anti-dépresseurs), les anti-inflammatoires non stéroïdiens, l'acide acétylsalicylique, l'allopurinol, les anti-vitamine K, la cordarone, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, la cimétidine,...</p><p style="text-align: left;">La fièvre débute généralement 5 à 10 jours après l'introduction du médicament en cause. Le tableau clinico-biologique est aspécifique (notamment, la présence d'un rash qui n'est présent que dans 25% des cas et peut être présent dans diverses infections) et peut mimer un sepsis. La résolution de la symptomatologie est habituelle</p><p style="text-align: left;">Pour tout médicament introduit récemment, il faut donc envisager le rapport bénéfice / risque de son arrêt ou remplacement par une autre classe thérapeutique. Le diagnostic étant rétrospectif (résolution en quelques jours après arrêt du médicament incriminé), il faut continuer le bilan.</p>
*immunodéprimés
== L'examen clinique doit être complet et répété bien sûr… mais quels signes imposent une réaction urgente&nbsp;? ==


&nbsp;
*Instabilité hémodynamique et signes d'insuffisance organique
*Manifestations neurologiques et signes méningés
*Manifestations cutanées → évoquer endocardite, gonoco ou méningoccémie (particulièrement en cas de rash pétéchial), mononucléose infectieuse, Kawasaki, rubéole, rougeole, dengue


'''<u>Quand douter d'une infection en présence de fièvre ?</u>'''
== Quels examens pratiquer en l'absence d'étiologie évidente&nbsp;? ==


*dissociation pouls/ t° et conservation de l'EG → fièvre factice ???
En l'absence de foyer clairement identifié ou d'arguments pour un syndrome viral, on procédera à :
**NB : une dissociation pouls/t° peut également se rencontrer dans : fièvre typhoïde, légionellose, brucellose, lymphome, fièvres médicamenteuses
*t° > 41°C → très rarement infectieux ! ++ origine centrale, coups de chaleur, paranéo, syndrome malin des neuroleptiques,


&nbsp;
*Ponctionner tout liquide qui peut l'être (frottis si impossible)
 
*Radiographie thoracique
'''<u>Quelles questions ne jamais oublier de poser ?</u>'''
*Biologie&nbsp;: ionogramme, CRP, VS, hémogramme et formule
 
*Examen microscopique des urines (EMU) + culture
*voyages dans les semaines précédentes ? (en cas de réponse positive, il s'agit d'une infection acquise lors du voyage dans ~50% des cas) Vaccinations, prophylaxies, précautions ? 3 diags à évoquer systématiquement au retour d'un voyage tropical : pyélonéphrite (femme++), malaria, typhoïde.
*Expectorations ou aspiration trachéale si possible (! Les résultats de l'examen direct priment sur ceux de la culture&nbsp;!)
*contacts avec des animaux où leurs déchêts/ produits ?
*2-3 paires d'hémocultures si t° > 38°C, patients âgés, cirrhotiques, diabétiques, signes septiques
*hobby/ occupation/ travaux récents ?
*Goutte épaisse et/ ou sérologies systématique en cas de retour de séjour de zone endémique de malaria
*La périodicité de la fièvre ?… bien qu'elle soit très peu Sp en dehors du pic 1x/ 2-3j (plasmodium falciparum ++)
 
&nbsp;
 
'''<u>L'examen clinique doit être complet et être répété bien sûr… mais quels signes imposent une réaction urgente ?</u>'''
 
*instabilité hémodynamique et signes d'insuffisance organique
*manifestations neuros/ signes méningés
*manifestations cutanées → évoquer endocardite, gonoco/ méningoccémie (particulièrement en cas de rash pétéchial), MNI, Kawasaki, rubéole, rougeole, dengue
 
&nbsp;
 
'''<u>Quels examens pratiquer ?</u>'''
 
*ponctionner tout liquide qui peut l'être (frottis si impossible)
*RX thorax
*Biol : iono, CRP, VS, hémogramme et formule
*EMU + culture
*Expectos/ aspi trachéale si possible (! Les résultats de l'examen direct priment sur ceux de la culture !)
*2-3 paires d'hémocs ß t° > 38°, vieux, cirrhotiques, diabétiques, signes septiques
*Divers selon clinique
*Divers selon clinique


&nbsp;
== Quand initier un traitement empirique en l'absence d'étiologie démontrée&nbsp;? ==
 
'''<u>Quand initier un traitement empirique ?</u>'''
 
En cas de: choc, dégradation neuro, asplénie morpho ou fonctionnelle, immunodépression, vieux, pétéchies/ purpura, voyage en zone d'endémie à plasmodium falciparum, lésions cutanées rapidement progressives et très douloureuses (cellulite à strepto-pyo ++ → prise en charge&nbsp; médico-chir).
 
&nbsp;
 
'''<u>Quand hospitaliser un patient ?</u>'''
 
*"tableau toxique" ou immunodéprimé → labo de choc pour surveillance min 24h !
*GB > 15000 sans foyer certain ou PNN effondrés
*Traitement per os contre-indiqué/ impossible
*Contexte psycho-social (tjrs discuter une hospit pr un SDF infecté !)
*Patient gériatrique ou très dégradé
 
<br/>
 
&nbsp;
 
= POLYURIE-POLYDYPSIE ET DIABETE INSIPIDE =
 
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== DIAGNOSTIC ==
 
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*<u>Biologie</u> : iono (Na N/augmenté), osmolalité, ADH si disponible (diminué si DIC, N ou augmenté si DIN), fonction rénale, glycémie, Hb glyquée CRP, VS, hémogramme, formule
*<u>Urines</u> : hypo-osmolarité < 200 mOsm/kg d'H2O, dosage des toxiques
*<u>Echographie rénale</u> → aN structurelles? Atrophie?
*<u>Epreuve de restriction hydrique</u>
 
o&nbsp;&nbsp; '''<u>Sous surveillance médicale directe et constante</u>''' (prudence, '''!''' '''A NE REALISER QU'EXCEPTIONNELLEMENT – risque majeur de complications chez les patients fragiles !''') : restriction hydrique durant maximum 4h avec contrôle urinaire (osmolalité et volume) toutes les ½ heures et biologie (Na, osmolalité, ADH) toutes les heures. Arrêter immédiatement si [Na] > 150 mEq/l.
 
*<u>Test à la desmopressine IV</u>
 
o&nbsp;&nbsp; Biologie + urines toutes les ½ heures → à 1h : minirin IV 0,3µg/kg (max 24µg) dans 100ml de solution physiologique en 20 min → continuer prélèvements durant 2h½
 
o&nbsp;&nbsp; Sous surveillance médicale directe, stopper l'opération en cas d'hypoTA
 
*<u>Autres examens selon l'orientation étiologique</u> : IRM cérébrale, sérologies, auto-Ac, recherche d'atteintes systémiques, intradermo, analyses génétiques (AVPR2, AQP2),…
 
&nbsp;
 
== DIABETE INSIPIDE ==
 
&nbsp;
 
= perte de capacité de concentration des urines avec polyurie hypotonique
 
&nbsp;
 
#<u>ETIOLOGIES</u>
 
&nbsp;
<ol style="list-style-type:lower-alpha;">
<li><u>Diabète insipide central</u> = déficit en ADH</li>
</ol>
 
&nbsp;
 
*<u>Post-traumatique</u>/ post neurochir +++
*<u>Tumeurs</u> : craniopharyngiome, germinomes, méningiome, hamartome, gliome, métas cérébrales,…
*<u>Idiopathique</u> (FR = grossesse)
*Infection : méningite, encéphalite, syphilis, Tbc, cryptococcose,…
*Vasculaires : encéphalopathies ischémiques, états de choc, HH cérébrales, anévrisme
*Granulomatoses : histiocytose X, sarcoïdose, Wegener
*Syndromes héréditaires autosomals récessif/ dominant
 
&nbsp;
<ol style="list-style-type:lower-alpha;">
<li><u>Diabète insipide néphrogénique</u> = résistance rénale à l'ADH</li>
</ol>
 
&nbsp;
 
*<u>Toxiques</u> : ingestion chronique de lithium, aminosides, amphotéricine B, colchicine, furosémide, nicotine, alcool,…
*<u>Métaboliques</u> : hyperCa, hypoK, IRC, IRA
*Infections : pyélonéphrite chronique
*Autres : congénital, reins polykystiques, uropathies obstructives, amyloïdoses, drépanocytose, patients âgés avec DEG
 
&nbsp;
 
#<u>CLINIQUE</u>
 
&nbsp;
 
*Polyurie, urine claire, nycturie
*Soif et polydipsie
*Signes variables selon l'étiologie (syndrome tumoral [céphalées, tr visuels, hypopituitarisme],…)
 
&nbsp;
 
#<u>TRAITEMENTS</u>
 
&nbsp;
 
*<u>Etiologique</u> si possible
*<u>Symptomatique : diabète insipide central</u>
 
o&nbsp;&nbsp; Substitution volémique si nécessaire par NaCl 0,9% (! ne pas corriger l'hyperNa de plus de 0,5mmol/l/h [risque d'œdème cérébral])
 
o&nbsp;&nbsp; Substitution hormonale : desmopressine (minirin)
 
§&nbsp; SC 1-4 µg 2x/j&nbsp; ou voie nasale (10µg/push, biodisponibilité 10%) 1-2x10-40µg/j
 
*<u>Symptomatique : diabète insipide néphrogénique</u>


o&nbsp;&nbsp; Régime pauvre en sel
<p style="text-align: left;">En cas de: choc et sepsis sévère (ne pas attendre un choc pour instaurer une antibiothérapie en cas de suspicion de sepsis sévère&nbsp;!), dégradation neurologique, asplénie morphologique ou fonctionnelle, immunodépression, patients âgés, pétéchies ou purpura, voyage en zone d'endémie à plasmodium falciparum, lésions cutanées rapidement progressives et très douloureuses (cellulite à strepto-pyo ++ → prise en charge&nbsp; médico-chirurgicale).</p><p style="text-align: left;">Dans les autres cas, il vaut généralement mieux s'abstenir.</p>


o&nbsp;&nbsp; Diurétique thiazidique : hydrochlorothiazide 1-2mg/kg/j PO
== Quand hospitaliser un patient&nbsp;? ==


o&nbsp;&nbsp; AINS : indométacine 1,5-3mg/kg/j PO
*Sepsis sévère, "tableau toxique" ou immunodéprimé → surveillance sous monitoring minimum 24 heures !
*GB > 15000 sans foyer certain ou neutropénie
*Traitement nécessaire mais voie per os contre-indiquée ou impossible
*Contexte psycho-social (toujours discuter une hospitalisation pour un SDF infecté, d'office si nécessité d'une antibiothérapie)
*Patient gériatrique vivant seul, dont l'entourage est inadéquat ou très dégradé (à discuter selon l'éventuel statut thérapeutique existant)
*Persistance d'épisodes fébriles durant > 3 semaines sans étiologie déterminée par un bilan ambulatoire adéquat (cf "fièvre d'origine indéterminée")
== Auteur(s) ==


o&nbsp;&nbsp; La plupart des DIN acquis sont partiels → envisager essai thérapeutique au minirin à hautes doses
Dr [[Utilisateur:Shanan Khairi|Shanan Khairi]], MD
[[Category:Sémiologie clinique]][[Category:Infectiologie]][[Category:Urgences]]

Version actuelle datée du 5 novembre 2022 à 09:02

La prise en charge d'un patient fébrile ou suspect d'infection aux urgences (ou en consultation) est fréquente. La majorité d'entre eux souffrent d'une infection virale et ne nécessitent d'autre prise en charge qu'une réassurance et éventuellement un traitement symptomatique. Cependant, infection ne rime pas toujours avec fièvre (corticothérapie et immunosuppresseurs, anti-inflammatoires non stéroïdiens, sepsis sévères, patients âgés, insuffisance rénale chronique,…) et fièvre ne signifie pas toujours infection (fièvres factices, thrombo-embolies, néoplasies, connectivites et vasculites,…). L'enjeu réside avant tout dans l'identification de la minorité de patients nécessitant une antibiothérapie (suspicion d'infection bactérienne), un autre traitement spécifique et/ ou une hospitalisation pour mise au point.

Aux urgences, il ne faut jamais hésiter à appeler l'infectiologue de référence en cas de doute quant à l'attitude appropriée, particulièrement pour un patient immuno-déprimé.

Quand suspecter une infection en l'absence de fièvre ?

Trois types de patients nécessiteront la recherche systématique d'une infection en cas de dégradation de l'état général ou d'une confusion :

  • Patient âgés → infection pulmonaire (+++), urinaire (++, plus fréquente chez les femmes), diverticulite, méningite (rare),...
  • Diabétiques et cirrhotiques décompensés
  • Immunodéprimés

Quand douter d'une infection en présence de fièvre ?

  • Dissociation pouls-température (absence de tachycardie en présence de fièvre) et conservation de l'état général → fièvre factice ou simulation ?
    • NB : une dissociation pouls-température peut également se rencontrer dans : fièvre typhoïde, légionellose, brucellose, lymphome, fièvres médicamenteuses
  • Température > 41°C → l'origine est rarement infectieuse mais plus souvent centrale, coups de chaleur, paranéoplasique, syndrome malin des neuroleptiques,…
  • Contexte anamnestique et clinique évoquant une autre étiologie

Quelles questions ne jamais oublier de poser ?

On s'enquerra de façon systématique d'un voyage dans les semaines précédentes. En cas de réponse positive :

  • il s'agit d'une infection acquise lors du voyage dans ~ 50% des cas.
  • compléter l'anmnèse par les vaccinations réalisées ainsi que les prophylaxies et précautions suivies, précautions.
  • Trois diagnostics sont à évoquer systématiquement au retour d'un voyage tropical : pyélonéphrite (femme ++), malaria, typhoïde.

En cas d'étiologie non évidente, on s'enquerra alors :

  • de la prise éventuelle de médicaments introduits récemment (inducteurs de fièvres médicamenteuses ? antibiothérapies récentes ?)
  • de contacts avec des animaux (domestiques et sauvages) où leurs déchets et produits et particulièrement de morsures ou griffures.
  • des hobby, occupations et travaux récents.
  • d'une éventuelle périodicité de la fièvre… bien qu'une périodicité soit très peu spécifique en dehors d'un pic 1 tous les deux à trois jours (évocateur d'une infestation à plasmodium falciparum, à corréler aux voyages récents)

Que faire en cas de suspicion de fièvre médicamenteuse ?

Malheureusement, les médicaments possiblement inducteurs de fièvres sont innombrables (dans 50% des cas, il s'agit... d'un antibiotique) : la majorité des antibiotiques et anti-cancéreux, les psychotropes (++ neuroleptiques et anti-dépresseurs), les anti-inflammatoires non stéroïdiens, l'acide acétylsalicylique, l'allopurinol, les anti-vitamine K, la cordarone, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, la cimétidine,...

La fièvre débute généralement 5 à 10 jours après l'introduction du médicament en cause. Le tableau clinico-biologique est aspécifique (notamment, la présence d'un rash qui n'est présent que dans 25% des cas et peut être présent dans diverses infections) et peut mimer un sepsis. La résolution de la symptomatologie est habituelle

Pour tout médicament introduit récemment, il faut donc envisager le rapport bénéfice / risque de son arrêt ou remplacement par une autre classe thérapeutique. Le diagnostic étant rétrospectif (résolution en quelques jours après arrêt du médicament incriminé), il faut continuer le bilan.

L'examen clinique doit être complet et répété bien sûr… mais quels signes imposent une réaction urgente ?

  • Instabilité hémodynamique et signes d'insuffisance organique
  • Manifestations neurologiques et signes méningés
  • Manifestations cutanées → évoquer endocardite, gonoco ou méningoccémie (particulièrement en cas de rash pétéchial), mononucléose infectieuse, Kawasaki, rubéole, rougeole, dengue

Quels examens pratiquer en l'absence d'étiologie évidente ?

En l'absence de foyer clairement identifié ou d'arguments pour un syndrome viral, on procédera à :

  • Ponctionner tout liquide qui peut l'être (frottis si impossible)
  • Radiographie thoracique
  • Biologie : ionogramme, CRP, VS, hémogramme et formule
  • Examen microscopique des urines (EMU) + culture
  • Expectorations ou aspiration trachéale si possible (! Les résultats de l'examen direct priment sur ceux de la culture !)
  • 2-3 paires d'hémocultures si t° > 38°C, patients âgés, cirrhotiques, diabétiques, signes septiques
  • Goutte épaisse et/ ou sérologies systématique en cas de retour de séjour de zone endémique de malaria
  • Divers selon clinique

Quand initier un traitement empirique en l'absence d'étiologie démontrée ?

En cas de: choc et sepsis sévère (ne pas attendre un choc pour instaurer une antibiothérapie en cas de suspicion de sepsis sévère !), dégradation neurologique, asplénie morphologique ou fonctionnelle, immunodépression, patients âgés, pétéchies ou purpura, voyage en zone d'endémie à plasmodium falciparum, lésions cutanées rapidement progressives et très douloureuses (cellulite à strepto-pyo ++ → prise en charge  médico-chirurgicale).

Dans les autres cas, il vaut généralement mieux s'abstenir.

Quand hospitaliser un patient ?

  • Sepsis sévère, "tableau toxique" ou immunodéprimé → surveillance sous monitoring minimum 24 heures !
  • GB > 15000 sans foyer certain ou neutropénie
  • Traitement nécessaire mais voie per os contre-indiquée ou impossible
  • Contexte psycho-social (toujours discuter une hospitalisation pour un SDF infecté, d'office si nécessité d'une antibiothérapie)
  • Patient gériatrique vivant seul, dont l'entourage est inadéquat ou très dégradé (à discuter selon l'éventuel statut thérapeutique existant)
  • Persistance d'épisodes fébriles durant > 3 semaines sans étiologie déterminée par un bilan ambulatoire adéquat (cf "fièvre d'origine indéterminée")

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD