Neurosarcoïdose
Sarcoïdose = patho inflammatoire multi-systémique granulomateuse d'étiologie inconnue. Cf Maladies systémiques – sarcoïdose pour les généralités. Atteinte neuro est rare : dans ≈ 5% des sarcoïdoses. Dans ≈ 50% cette atteinte est inaugurale et dans 10% elle demeurera limitée au SN. Diag facile a évoquer dans le cadre d'une sarcoïdose connue / de la coexistence avec des signes systémiques mais très difficile en cas de symptômes neuro isolés inauguraux.
Sur le plan neuro, l'atteinte découle d'une infiltration granulomateuse méningée. Celle-ci peut rester localisée, diffuser aux racines des nerfs crâniens et rachidiens et/ ou envahir les vaisseaux radiculaires / médullaires / cérébraux (vasculite granulomateuse) et par ce biais léser le parenchyme.
ATTEINTES NEUROLOGIQUES
1. ATTEINTE DES NERFS CRANIENS ET NERF OPTIQUE (25-70%)
++ multiple, récidivante, alternante. ++ évolution favorable sous corticoth ou spontanément. Dans 30-50% des cas, association à une atteinte centrale / périphérique. Tous peuvent être touchés, VII (≈ 30%) > II (≈ 20%) > VIII (≈ 15%) > nerfs oculomoteurs (≈10%) > V (≈10%) > autres (exceptionnel).
Nerf VII : associée à l'atteinte d'un autre nerf crânien dans ≈ 66%. Rechutes / atteintes bilatérales fréquentes. Le Sd de Heerfordt (VII + parotidite + iridocyclite), pathognonomique, n'est retrouvé que dans 5% des cas. Physiopathologie : parotidite, compression au foramen stylomastoïdien, infiltration à partir des méninges, atteinte intra-axiale.
Nerf optique (II) : ++ névrite optique sub-aiguë, uni/ bilatérale. Peut passer inaperçue du fait d'une lente évolution ou d'une uvéite concommitante, très fréquente. Très bonne récupération sous corticos dans ≈ 50%, ++ corticodépendante.
Nerf VIII (surdité progressive/ fluctuante uni/ bilat, ++ avec vertiges), oculomoteurs et V (++ hypo-esthésie) : rarement révélateur et peu évocateur, sauf si association à d'autres paires crâniennes / atteintes du SNC ou SNP.
2. ATTEINTES ET MANIFESTATIONS ENCEPHALIQUES (36-66%)
Encéphalopathie – troubles neuro-psychiques : ++ sur hydrocéphalie, atteinte hypothalamo-hypophysaire/ frontale. NB : manifestations pouvant également être secondaire aux troubles métaboliques (++ hyperCa)
Hydrocéphalie : ++ asymptomatique. Si clinique : céphalées, bradypsychie, instabilité à la marche. ++ sur obstruction par atteinte méningée > défaut de résorption sur arachnoïdite.
Atteintes hypothalamo-hypophysaires : Clinique : diabète insipide, hyperPRL, SIADH, aménorrhée, troubles du sommeil/ comportement, hyperthermie,… ++ sur infitration sous-épendymaire du IIIème ventricule.
Lésions pseudo-tumorales : rarement symptomatiques, uniques/ multiples.
Epilepsies
Atteintes cérébelleuses / tronc cérébral
Exceptionnels : AVCisch (< vasculite / cardiopathie), TVC, HSA, mvts aN et Sd parkinsoniens.
3. NEUROPATHIES PERIPHERIQUES (≈ 20%)
Toutes les formes sont possibles : mononeuropathie, multineuropathies (++ cubital et SPE), polyneuropathies (++ axonales sub-aiguës/ chroniques), polyradiculonévrites aiguës type GBS. Incidence accrue des canaux carpiens. Une atteinte associée des nerfs crâniens doit faire évoquer le diagnostic.
4. MENINGITE SARCOIDIENNE (≈ 20%)
= Sd méningé (sub)-aigu / chronique. A différentier des aN du LCR (présentes dans 50-80% des neurosarcoïdoses) sans méningite clinique. Corticosensible ++ mais svt récurrente corticodépendante.
5. ATTEINTES MEDULLAIRES (≈ 10%)
++ associées à une méningo-encéphalite, ++ localisation cervicale, ++ tétra/ paraparésie progressive (parfoisclinique de myélite transverse ou Sd de la queue de cheval). Pronostic de récupération médiocre.
< granulomes intramédullaires / périduraux, arachnoïdite, infarctus médullaire.
6. MYOPATHIES
Fréquente à l'anapath mais exceptionnellement symptomatique.
Myopathie proximale chronique et symétrique avec amyotrophie et crampes, ++ avec CK N
Forme pseudo-myositique, présence plus fqte d'un Sd inflammatoire, myalgies et CK
PARTICULARITES DIAGNOSTIQUES
Diag difficile et DD large (Connectivites, vasculites, Whipple, méningites carcinomateuse / Tbc / à germes atypiques, Sd paranéo, borréliose, HIV, SEP, tumeurs, syphilis,…). A évoquer si :
- Troubles neuro avec sarcoïdose connue
- Troubles neuro avec atteinte systémique / histoire de parotidite ou érythème noueux ou Sd fébrile inexpliqué
- Atteinte concommitante SNP + SNC
- Atteinte multiple / récidivante / bilatérale / à bascule des paires crâniennes
En cas de suspicion clinique raisonnable → bilan systémique d'une sarcoïdose +
- Imagerie cérébrale / médullaire, peu Sp,très nbse variété de lésions :
o CT : possibles lésions hyperdenses / infiltration méningée prenant le contraste, hydrocéphalie, lésions ostéolytiques,…
o IRM avec gado et diffusion : hydrocéphalie, infars lacunaires, lésions méningées diffuses ou nodulaires iso en T1 / hypo en T2 / prenant le gado, lésions parenchymateuses unique / multiples prenant ou non le gado, vasculites, plages d'œdème vasogénique, lésion des plexus choroïdes,…
- PL : aN dans 50-80%. aN aSp (pléiocytose ++ lymphocytaire, hyperprotéinorachie, IgG/ Alb augmentées, hypoglycorachie,…)
- Biopsie méningée / parenchyme SNC : uniquement en l'absence d'autre tissu biopsiable et doute diag
PARTICULARITES THERAPEUTIQUES ET SUIVI
Patho systémique → tenir compte des autres atteintes éventuelles. L'atteinte neuro justifie en elle-même :
- Traitement de 1ère intention = corticoth. Ex de schéma :
o PFP / méningite aseptique → 0,5 mg/kg/j 15j
o Myopathie / neuropathie → 0,5 mg/kg/j 30j
o Masse méningée / parenchymateuse → cure IV 20 mg/kg/j 3j → relai PO 1 mg/kg/j 30j
o Evaluer selon les cas l'opportunité d'une dose d'entretien au long cours en décroissant de 4mg/j toutes les 2 sem (de 1mg lorsqu'on atteint les 8mg/j)
- Traitements de 2ème intention : maintien d'une corticoth d'entretien si possible (ex : 16 mg/j) + immunosuppresseur :
o Mycophenolate mofetil, azathioprine, cyclophosphamide, chlorambucil, cladribine
o Infliximab : cures IV de 5mg/kg du poids idéal à répéter selon décours clinique
o Hydroxychloroquine, pentoxifylline, thalidomide
- Indication des autres tt :
o Hydrocéphalie aiguë : DVP (! Suivi particulier : risques de dysfonctionnements ++ vu inflammation)
o Masse menaçante réfractaire au tt med : exérèse, exceptionnellement nécessaire
o Maladie très agressive et échec des corticos et de min 2 immunosuppresseurs : envisager RXth
Suivi clinico-radiologique min 1x/3 mois tant que sous corticos / immunosuppresseurs. Un suivi électrophysiologique des atteintes du SNP est parfois utile. La répétition de PL est nuisible (persistance d'aN du LCR sans signification clinique !).