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La '''myélinolyse centro-pontine''' constitue un syndrome de démyélinisation osmotique. Elle est réputée rare et de pronostic exécrable mais son incidence réelle est inconnue.
La '''myélinolyse centro-pontine''' constitue une forme particulière des '''syndromes de démyélinisation osmotique''' dont la pertinence de l'individualisation est discutée. Elle est réputée rare et de pronostic exécrable mais son incidence réelle est inconnue.


== Etiologies ==
== Etiologies ==
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Etiologies : toute cause de variation brutale du gradient osmotique, la plus fréquente étant une correction trop rapide d'une hyponatrémie. On rencontre plus rarement : hypokaliémie, hyperglycémies, acido-cétoses,…
Ce sont toutes les causes de variation brutale du gradient osmotique, la plus fréquente étant une correction trop rapide d'une hyponatrémie. On rencontre plus rarement : hypokaliémie, hyperglycémies, acidocétoses,…


Facteurs favorisants de sa survenue : alcoolisme (principal FF), dénutrition, vomisssements, dialyse, polydipsie, insuffisance hépatique, hypokaliémie associée,…
Facteurs favorisants de sa survenue : alcoolisme (principal FF), dénutrition, vomissements, dialyse, polydipsie, insuffisance hépatique, hypokaliémie associée,…


== Eléments d'étiopathogénie ==
== Eléments d'étiopathogénie ==


L'étiopathogénie supposée est celle d'une brusque variation du gradient osomotique entraînant une sortie brutale d'eau des cellules. Elle entraîne une destruction des gaines de myéline mais également une destruction oligodendrocytaire et axonale. La région pontine est le plus souvent la plus touchée, mais d'autres zones cérébrales peuvent être concernées.
L'étiopathogénie supposée est celle d'une brusque variation du gradient osmotique entraînant une sortie brutale d'eau des cellules. Elle entraîne une destruction des gaines de myéline mais également une destruction oligodendrocytaire et axonale. La région pontine est la plus souvent la plus touchée (dans 80% des cas), mais d'autres zones cérébrales peuvent être concernées (dans 30% des cas en association avec des lésions pontines, dans 20% des cas isolément).


Cette variation osmotique est dans l'immense majorité des cas le résultat d'une correction trop rapide d'une hyponatrémie par des perfusions salées. Le risque est d'autant plus grand que l'hyponatrémie est profonde (< 115 mEq/l) et chronique.
Cette variation osmotique est dans l'immense majorité des cas le résultat d'une correction trop rapide d'une hyponatrémie par des perfusions salées. Le risque est d'autant plus grand que l'hyponatrémie est profonde (< 115 mEq/l) et chronique.
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== Clinique ==
== Clinique ==


Clinique&nbsp;: après l’amélioration clinique due à la correction de l’hyponatrémie pourront survenir rapidement une quadriparésie, un syndrome pseudo-bulbaire (trouble de la déglutition et de la parole), des troubles de la motricité&nbsp;oculaire voire un&nbsp;locked-in-state. L'évolution classiquement décrite se fait vers le coma et le décès avec un pronostic fonctionnel exécrable en cas de survie. Cependant, on suppose que de nombreux cas pauci-symptomatiques sont ignorés.
Clinique&nbsp;: après l’amélioration clinique due à la correction de l’hyponatrémie pourront survenir rapidement une quadriparésie, un syndrome pseudo-bulbaire (trouble de la déglutition et de la parole), des troubles de la motricité&nbsp;oculaire voire un&nbsp;locked-in-state. L'évolution classiquement décrite se fait vers le coma et le décès avec un pronostic fonctionnel exécrable en cas de survie.
 
Cependant, on suppose que de nombreux cas pauci-symptomatiques voire asymptomatiques sont ignorés.


== Examens complémentaires ==
== Examens complémentaires ==


L'IRM cérébrale est souvent caractéristique. Les autres examens n'ont pas d'autre intérêt que d'exclure des diagnostics différentiels.
* <u>'''IRM cérébrale'''</u> - est généralement nécessaire et suffisante au diagnostic
** T1 et T2/FLAIR : normal initialement puis apparition de lésions hypointenses en T1 et hyperintenses en T2. T2* normal. Prise éventuelle de gadolinium.
** Diffusion : restriction en DWI (hyperintense) = le plus sensible
** Principal diagnostic différentiel : accident vasculaire cérébral ischémique. Les données cliniques et le non strict respect des territoires artériels peuvent faire la différence.
* <u>CT-scanner cérébral</u>
** Sans contraste : généralement normal en phase aiguë. Peut montrer des hypodensités de la région centro-pontine à la phase d'état.
** Avec produit de contraste : peut montrer des prises de contrastes typiquement symétriques
{{Images 2 légendées|Image 1=Myélinolyse1.png|Légende 1=CT-scanner - Séquence T1 + produit de contraste - prises de contraste symétrique dans la région centro-pontine|Image 2=Myélinolyse 2.png|Légende 2=IRM - Séquence DWI - restriction de diffusion (hyperintensité) centro-pontine}}


== Prise en charge thérapeutique - Traitements ==
== Prise en charge thérapeutique - Traitements ==
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Si malgré les précautions on s'aperçoit que l'on a dépassé la limite de correction de 0,5 mEq/ l/ heure (12 mEq/ l/ jour le 1<sup>er</sup>&nbsp;jour au maximum) → administrer des perfusions de NaCl 0,45% ou Glucosé + minirin puis respecter scrupuleusement les limites de correction reccomandées.
Le traitement consiste à corriger le plus rapidement possible la cause du syndrome.
 
* Cas le plus fréquent : correction trop rapide d'une hyponatrémie - Si malgré les précautions on s'aperçoit que l'on a dépassé la limite de correction de 0,5 mEq/ l/ heure (12 mEq/ l/ jour le 1<sup>er</sup>&nbsp;jour au maximum) → administrer des perfusions de NaCl 0,45% ou Glucosé + minirin puis respecter scrupuleusement les limites de correction recommandées.


Une fois le syndrome installé, il n'y a pas de traitement autre que supportif.
Une fois le syndrome installé, il n'y a pas de traitement autre que supportif.
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== Auteur(s) ==
== Auteur(s) ==


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Dr [[Utilisateur:Shanan Khairi|Shanan Khairi]], MD  
 
== Bibliographie ==
Bradley WG et al., Neurology in clinical practice, 5th ed., Butterworth-Heinemann, e-dition, 2007
 
Cambier J et al., Neurologie, 13e édition, Masson, 2012
 
Osborn AG et al, Brain, Elsevier, 2018
 
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Version actuelle datée du 6 octobre 2023 à 16:17

La myélinolyse centro-pontine constitue une forme particulière des syndromes de démyélinisation osmotique dont la pertinence de l'individualisation est discutée. Elle est réputée rare et de pronostic exécrable mais son incidence réelle est inconnue.

Etiologies

Ce sont toutes les causes de variation brutale du gradient osmotique, la plus fréquente étant une correction trop rapide d'une hyponatrémie. On rencontre plus rarement : hypokaliémie, hyperglycémies, acidocétoses,…

Facteurs favorisants de sa survenue : alcoolisme (principal FF), dénutrition, vomissements, dialyse, polydipsie, insuffisance hépatique, hypokaliémie associée,…

Eléments d'étiopathogénie

L'étiopathogénie supposée est celle d'une brusque variation du gradient osmotique entraînant une sortie brutale d'eau des cellules. Elle entraîne une destruction des gaines de myéline mais également une destruction oligodendrocytaire et axonale. La région pontine est la plus souvent la plus touchée (dans 80% des cas), mais d'autres zones cérébrales peuvent être concernées (dans 30% des cas en association avec des lésions pontines, dans 20% des cas isolément).

Cette variation osmotique est dans l'immense majorité des cas le résultat d'une correction trop rapide d'une hyponatrémie par des perfusions salées. Le risque est d'autant plus grand que l'hyponatrémie est profonde (< 115 mEq/l) et chronique.

Clinique

Clinique : après l’amélioration clinique due à la correction de l’hyponatrémie pourront survenir rapidement une quadriparésie, un syndrome pseudo-bulbaire (trouble de la déglutition et de la parole), des troubles de la motricité oculaire voire un locked-in-state. L'évolution classiquement décrite se fait vers le coma et le décès avec un pronostic fonctionnel exécrable en cas de survie.

Cependant, on suppose que de nombreux cas pauci-symptomatiques voire asymptomatiques sont ignorés.

Examens complémentaires

  • IRM cérébrale - est généralement nécessaire et suffisante au diagnostic
    • T1 et T2/FLAIR : normal initialement puis apparition de lésions hypointenses en T1 et hyperintenses en T2. T2* normal. Prise éventuelle de gadolinium.
    • Diffusion : restriction en DWI (hyperintense) = le plus sensible
    • Principal diagnostic différentiel : accident vasculaire cérébral ischémique. Les données cliniques et le non strict respect des territoires artériels peuvent faire la différence.
  • CT-scanner cérébral
    • Sans contraste : généralement normal en phase aiguë. Peut montrer des hypodensités de la région centro-pontine à la phase d'état.
    • Avec produit de contraste : peut montrer des prises de contrastes typiquement symétriques

CT-scanner - Séquence T1 + produit de contraste - prises de contraste symétrique dans la région centro-pontine

IRM - Séquence DWI - restriction de diffusion (hyperintensité) centro-pontine

Prise en charge thérapeutique - Traitements

Le traitement consiste à corriger le plus rapidement possible la cause du syndrome.

  • Cas le plus fréquent : correction trop rapide d'une hyponatrémie - Si malgré les précautions on s'aperçoit que l'on a dépassé la limite de correction de 0,5 mEq/ l/ heure (12 mEq/ l/ jour le 1er jour au maximum) → administrer des perfusions de NaCl 0,45% ou Glucosé + minirin puis respecter scrupuleusement les limites de correction recommandées.

Une fois le syndrome installé, il n'y a pas de traitement autre que supportif.

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD

Bibliographie

Bradley WG et al., Neurology in clinical practice, 5th ed., Butterworth-Heinemann, e-dition, 2007

Cambier J et al., Neurologie, 13e édition, Masson, 2012

Osborn AG et al, Brain, Elsevier, 2018

Stern RD, Osmotic demyelination syndrome (ODS) and overly rapid correction of hyponatremia, UpToDate, 2023