Infectiologie - Généralités

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Les maladies infectieuses et transmissibles ont toujours été et restent une des causes principales de morbidité et de mortalité. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à environ 25% le poids de la mortalité d’origine infectieuse dans le monde, avec par ordre décroissant les infections respiratoires (environ 4 millions de décès), l’infection par le HIV (2.8), les diarrhées (1.8), la tuberculose (1.6), malaria (1.3) et les maladies d’enfance à prévention vaccinale (1.1). Cette mortalité d’origine infectieuse pesant particulièrement lourd dans les pays à faible revenus.

S’il a fallu attendre le XIXème siècle pour en comprendre l’origine exacte avec les découvertes des bactéries et les travaux de Pasteur, Lister etc., depuis longtemps, l’humanité avait compris le principe de la transmission de miasmes en tout genre. Elle a payé un lourd tribut à ces maladies, puisque les infections endémiques étaient une des premières causes de mortalité dans le passé (exemple, la fièvre puerpérale) tandis que de grandes épidémies ont ravagé la planète à rythme régulier.

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A titre d’illustration, la grande épidémie de peste qui a ravagé l’Europe au Moyen-Âge au départ de la colonie de Caffa aurait causé de l’ordre de 50 millions de mort et éradiqué jusqu’à 30 à 50% de la population dans certaines régions d’Europe. Ces grandes épidémies resteront dans l’imaginaire collectif (cf. par exemple l’expression « choisir entre la peste et le choléra ») et feront l’objet de rappels réguliers, les derniers en date étant la grippe espagnole, et plus récemment  les diverses risques de pandémies de grippe, les alertes au bioterrorisme au début du XXIème siècle ou l’épidémie récente à virus Ebola en Afrique de l’Ouest.

Evolution de la mortalité de cause infectieuse aux Etats-Unis au cours du vingtième siècle

Evolution de la mortalité de cause infectieuse aux Etats-Unis au cours du vingtième siècle

Deux grands progrès ont contribué à réduire considérablement le poids des maladies infectieuses à partir du XXème siècle : l’hygiène publique et les antibiotiques. L’hygiène publique sous ses formes les plus variables (accès à l’eau potable, réseau d’égouts, alimentation, conditions de vies au sens large, vaccination) s’est accompagnée d’une diminution impressionnante de la mortalité, elle-même renforcée par l’apparition des antibiotiques dans les années quarante.

Cette évolution favorable s’est cependant arrêtée début des années quatre-vingt à l’apparition de l’épidémie d’infection par le VIH, témoin de la mortalité directe ou indirecte associée à cette nouvelle maladie.

Etapes de découverte des grandes classes d'antibiotiques

Etapes de découverte des grandes classes d'antibiotiques

Un autre élément, plus récent, est venu assombrir le tableau : la pénurie en nouveaux agents anti-infectieux. En effet, deux phénomènes nouveaux sont apparus : l’émergence extrêmement problématique et la dissémination des mécanismes de multi-résistance aux antibiotiques d’une part, et le désinvestissement de l’industrie pharmaceutique dans la recherche et le développement de nouveaux agents anti-infectieux d’autre part.

Le défi du clinicien reste donc toujours particulièrement complexe :

  • Soigner le mieux possible le patient
  • Préserver au maximum l’écologie bactérienne en favorisant l’épargne antibiotique

A cette fin, avant de pouvoir prétendre lutter efficacement contre des infections et maladies transmissibles spécifiques, il devra maîtriser :

  • Les notions épidémiologiques, socio-économiques et culturelles spécifiques à l'infectiologie
  • Les principes des relations entre hôtes et pathogènes
  • Les éléments de thérapie anti-infectieuse
  • L'histoire naturelle des infections au cours de la vie d'un être humain
  • L'approche générale d'un patient suspect d'infection
  • Les manifestations et complications générales d'un état infectieux et leurs diagnostics différentiels
  • Les spécificités propres à certaines situations cliniques particulières (patients immunodéprimés, retours de voyages, fièvres d'origine indéterminées
  • Les éléments de disciplines annexes (santé publique, bactériologie, virologie, parasitologie, biologie clinique, biologie cellulaire, histologie, physiologie) spécifiques à l'infectiologie 

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Il n’y a aucun équivalent en médecine de ce challenge. Dans toute autre discipline, il s’agira bien entendu de choisir toujours l’approche thérapeutique la plus adaptée à la situation individuelle du patient tout en utilisant au mieux les ressources disponibles. Dans la problématique spécifique des maladies infectieuses s’ajoutera en plus et de plus en plus cette préoccupation spécifique : réduire au maximum la pression écologique des agents anti-infectieux pour en garantir l’efficacité future.

Auteur(s)

Baudouin Byl, MD

(Mis en forme, revu et modifié par Shanan Khairi, MD)