Encéphalites limbiques

Révision datée du 8 mai 2014 à 18:36 par Shanan Khairi (discussion | contributions) (Page créée avec « = pathologie inflammatoire auto-immune du SNC caractérisée par une atteinte initiale temporo-mésiale prédominante. Rare. Diag difficile.   == CLINIQUE ==   ... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher

= pathologie inflammatoire auto-immune du SNC caractérisée par une atteinte initiale temporo-mésiale prédominante. Rare. Diag difficile.

 

CLINIQUE

 

Le mode d'installation est généralement aigu / subaigu (j-sem). Des formes hyper-aiguës sévères mimant une encéphalite herpétique ou des formes chroniques mimant une démence dégénérative sont cependant possibles.

 

Triade syndromique constante (atteinte limbique, chronologie d'apparition variable) :

-        Epilepsie : crises temporales (++ oppression thoracique ascendante → perte de contact et automatismes gestuels et oraux +- posture dystonique du MS controlatéral au foyer +- aphémie/ aphasie → phase post-critique avec confusion / aphasie / agitation), crises TC généralisées (++ brèves avec état post-critique prolongé), états de mal E convulsifs ou non convulsivants

-        Troubles mnésiques prédominant sur la mémoire antérograde, constituant un véritable Korsakoff dans les cas les plus sévères.

-        Troubles psychiatriques (+- cognitifs) ++ troubles de l'humeur / déshinibition / hallucinations / apraxie

 

Symptomatologie variable (atteintes extra-limbiques), svt stéréotypés selon l'Ac associé :

 

Sémiologie extra-limbique

Auto-Ac à suspecter

Neuropathie à prédominance sensitive

Anti-Hu

Myélopathie

Atteintes multi-focales

Atteinte du tronc cérébral

Anti-Hu / anti-Ma2

Syndrome cérébelleux

Anti-Hu / Anti-CV2 / Anti-GAD

Syndrome pseudo-occlusif digestif

Syndrome de l'homme raide

Anti-GAD / Anti-amphiphysine

Neuropathie sensitivo-motrice

Anti-CV2

Chorée

Troubles du sommeil

Anti-Ma2, anti-VGKC

Troubles hypothalamo-hypophysaires

Anti-Ma2

Neuromyotonie

Anti-VGKC

Dyskinésies faciales

Anti-NMDA

Mouvements dystoniques

 

Dans le cas des EL para-néoplasiques, la présence de symptômes liés directement au néo est rare, la découverte de l'EL précédant dans 70-90% des cas la découverte du cancer.

 

CLASSIFICATION IMMUNOLOGIQUE ET NEOPLASIES ASSOCIEES

 

De principe, toute EL justifie la réalisation d'un CT thoraco-abdomino-pelvien et d'un PET-FDG à la recherche de néo. Selon la clinique et le type d'Ac mis en évidence, leur répétition ou d'autres examens peuvent se justifier.

 

1.     ENCEPHALITES LIMBIQUE SEROPOSITIVES (≈ 80% des EL)

 

Type

Prinicpaux Ac

Fréquence de néo associé

Néoplasies

Cible intra-cellulaire

Anti-Hu

> 95 %

CBPC

Anti-Ma2

> 90 %

Testicule > CBPC

Anti-CV2

> 95%

CBPC > thymome

Anti-amphiphysine

> 80%

CBPC, sein

Anti-GAD

Exceptionnel

 

Cible membranaire

Anti-NMDA

> 60%

Tératome ovarien

Anti-AMPA

> 70%

Thymome > sein > CBPC

Anti-neuropile

> 50%

CBPC > thymome

Anti-VGKC

< 40%

CBPC > thymome

 

On distingue aujourd'hui les :

-        EL à Ac à cible intra-cellulaire (++ anti-Hu) : mécanisme physiopathogénique supposé liés à l'immunité cellulaire, taux d'Ac non lié à la sévérité clinique, l'Ac n'étant qu'un marqueur de la maladie. La très grande majorité des cas est para-néo. La réponse aux tts est généralement absente / médiocre.

-        EL à Ac à cible membranaire : Ac supposés directement pathogènes, taux directement lié à la sévérité clinique/ réponse thérapeutique. Para-néo dans ≈ 50% des cas. La réponse aux tts est svt bonne.

 

Quelques caractéristiques :

-        L'EL à anti-Hu doit de règle être considérée comme para-néo, ce qui justifie la réalisation de bilans oncologiques itératifs sur une période prolongée. Elle évolue généralement rapidement vers un tableau d'encéphalo-myélite multifocale avec atteinte périphérique sensitive.

-        L'EL à anti-Ma2 est également à considéré comme de règle para-néo et est généralement associée à une atteinte diencéphalique ou du tronc cérébral.

-        L'EL à anti-CV2 est également à considérer de règle comme para-néo. Elle est généralement isolée ou associée à une neuropathie sensitive.

-        L'EL à anti-NMDA est assez typique : femme (90%) jeune (++ 30-40 ans), syndrome grippal prodromique (80%) suivi dans les 2 semaines de troubles psychiatriques (80%) d'évolution variable (++ troubles de l'humeur initiaux → hallus et délires fréquents → évolution jusqu'à la catatonie possible) suivi de mvts aN (++ dyskinésies bucco-faciales peu évocatrices dans le contexte psy) et de manifestations épileptiques (75%). Particularités des examens complémentaires : hypoNa fréquente, IRM N dans 50%  diag, LCR inflammatoire aSp dans 90%. Para-néo dans 60% des cas mais tératome ovarien (/ testiculaire) dans 90% des cas para-néo → bilan onco + IRM pelvis / echo endo-vaginale + avis gynéco/ uro.

-        L'EL à anti-VGKC est assez typique : troubles mnésiques massifs et confusion / délires (troubles psys ou état de mal non convulsivant) dominant la clinique (grande variété des signes associés). L'IRM est de règle évocatrice avec des hypersignaux temporo-mésiaux bilatéraux symétriques en FLAIR.  La réponse aux tts est généralement très favorable.

-        Les Ac "anti-neuropile" sont en fait des Ac non caractérisés, définis actuellement par une réaction auto-immune dans le neuropile (SG entre les corps cellulaires). La réponse aux tts est variable.

-        Les EL à anti-amphiphysine, anti-GAD et anti-AMPA ressortent actuellement de case-reports.

 

2.     ENCEPHALITES LIMBIQUES SERONEGATIVES (≈ 20% des EL)

 

Un néo est retrouvé dans 15-20% des cas, dont des lymphomes hodgkiniens. L'évolution sous tt est variable.

 

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

 

Buts : diagnostic positif, typage immunologique, exclusion des DD, recherche de néo.

 

-        IRM cérébrale (T1, FLAIR, écho de spin, diffusion, gado) :

o   aN dans 80% des cas au moment du diag

o   Hyper T2 / FLAIR hypoccampique ++ bilat et symétrique, implication fréquente des structures avoisinantes (amygdales, pôles temporaux, insulae). PC fréquente mais peu marquée. Oedème hippocampique initial laissant place à une atrophie. Rarement, implication de diverses aires corticales. Jamais d'HH (si présente → ++ encéphalite herpétique !).

o   DD radiologique principal et parfois indiscernable : encéphalite herpétique. Autres DD : tumeurs

-        PL (formule, cultures, PCR HSV et HHV6, immuno-électrophorèse, index IgG/ alb, anapath avec immunophénotypage)

o   aN dans 90% des cas

o   aN aSp : pleiocytose lymphocytaire, hyperprotéinorachie, bandes oligo-clonales, synthèse intra-thécale d'Ig

o   Permet d'argumenter divers DD : encéphalite herpétique, méningite carcinomateuse, lymphome cérébral, Sd de Wernicke-Korsakoff, encéphalopathies métaboliques, AVC

-        EEG :

o   aN dans 90%, svt aSp

o   aN évocatrices : pointes / ondes lentes bi-temporales indépendantes pseudo-périodiques, décharges temporales recrutantes, crises électriques

o   A réaliser systématiquement en cas d'EL avérée avec Sd confusionnel : état de mal non convulsivant ?

-        Biologie :

o   Diag positif : Ac onconeuraux, typage lymphocytaire

o   DD : Ac anti-TPO / Tg (SREAT ?), FAN et ANCA (Sjögren, LED), sérologies Lyme / HIV / syphilis, TSH / T3 / T4, glycémie, iono, fonctions rénale et hépatique, hémato-CRP-VS

-        PET-FDG :

o   Cérébral : peu pratiqué, svt N → à réserver aux cas de forte suspicion avec IRM N : hypermétabolisme temporal ?

o   Corps entier : systématique à la recherche de néo

-        CT-scan thoraco-abdomino-pelvien : systématique à la recherche de néo

-        Divers : examens variables à la recherche de néo scpécifiques selon l'éventuel Ac onconeural identifié / de DD selon la clinique

 

TRAITEMENT

 

Pas d'EBM

-        Traitement oncologique si tumeur identifiée

-        Traitement immunologique

o   Corticoth

o   Immunosuppresseurs / Ac monoclonaux (cyclophosphamide, rituximab,…)

o   Meilleure indication théorique des Ig et plasmaphérèses : présence d'Ac anti-membranaires (NMDA, VGKC, AMPA)

§  Ig IV : 0,4g/kg/j durant 5j – cures mensuelles les 6 1ers

§  Plasmaphérèses : 1 EP / 2j pour un total de 5 EP – à répéter selon réponse clinique

-        Traitement symptomatique

 

Le pronostic des EL associées à des Ac anti-membranaires semble meilleur (réversibilité fréquemment décrite sous Ig / EP +- tt oncologique) que celles associées à des Ac dirigés contre des cibles intra-cellulaires (amélioration très inconstante et généralement médiocre). Le pronostic des EL séronégatives est intermédiaire.