« Colique néphrétique » : différence entre les versions
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= syndrome douloureux aigu | <p style="text-align: justify">= syndrome douloureux aigu lombo-abdominal résultant de la distension de la capsule rénale suite à la mise en tension brutale de la voie excrétrice du haut appareil urinaire en amont d'une obstruction. Il s'agit d'une urgence médico-chir qui touchera 12-14% de la population et représentant 1-2% des entrées en service d'urgence, 3H > 1F ++ 30-40 ans.</p> | ||
== Etiologies == | |||
| === Lithiases urinaires ('''~80-90%)''' === | ||
<p style="text-align: justify">Taux de récidive de 14% à 1 an, de 50% à 10 ans de 75% à 20 ans.</p> | |||
=== Affections urologiques non lithiasiques === | |||
<p style="text-align: justify">Pyélonéphrites aiguës, tumeurs rénales/ pyélo-calicielles, infarctus rénaux, syndrome de la jonction pyélo-urétérale, sténoses urétérales intrinsèques de la Tbc/ bilharziose urinaires (++ d+ chroniques), caillot au décours d'une hématurie,…</p> | |||
=== Affections non urologiques === | |||
<p style="text-align: justify">Compressions extrinsèques (fibrose rétropéritonéale, séquelles opératoires, adénopathies métastatiques,…).</p><p style="text-align: justify">Plus rarement : fissuration d'un AAA, sigmoïdite, nécrose ischémique du cæcum, torsion d'un kyste ovarien/ testicule, salpingite, appendicite, colique biliaire, ulcère GD, pneumonie de la base, arthrose lombaire, appendicite, GEU, hernie inguinale étranglée, infarctus mésentérique, diabète/ drépanocytose (séquestres papillaires après nécrose),…</p> | |||
== Attitude diagnostique == | |||
Exemple d'algorithme diagnostique : | |||
[[File:CN.png|center|CN.png]] | |||
A noter qu'au vu de la disponibilité de cet examen, un CT-scanner est de plus en plus pratiqué systématiquement en première intention, indépendamment de la clinique. Il n'y a pas d'EBM montrant que cette attitude réduise significativement la morbi-mortalité des patients. | |||
=== Orientation clinique === | |||
== | |||
*Début brutal, d+ intense unilatérale lombaire/ lomboabdominale +- irradiation antérieure et descendante vers la fosse iliaque et les organes génitaux externes. Agitation vu l'absence de position antalgique. | *Début brutal, d+ intense unilatérale lombaire/ lomboabdominale +- irradiation antérieure et descendante vers la fosse iliaque et les organes génitaux externes. Agitation vu l'absence de position antalgique. | ||
*Les signes digestifs sont fréquents : N+/ V+/iléus | *Les signes digestifs sont fréquents : N+/ V+/iléus | ||
*Les signes urinaires le sont moins : pollakiurie, brûlures urinaires, impériosités,… | *Les signes urinaires le sont moins : pollakiurie, brûlures urinaires, impériosités,… | ||
*L'anamnèse recherchera particulièrement les antécédents identiques + contraception si femme | *L'anamnèse recherchera particulièrement les antécédents identiques + contraception si femme | ||
*<u>Formes compliquées :</u> | *<u>Formes compliquées :</u> | ||
**CN fébrile ou hypothermique (< 35°C) → toujours à considérer comme infectée avec risque de choc septique et destruction du parenchyme rénal → EMU, hémocs, NFS → urgence médico-chir (drainage + ABrh) | |||
**CN avec oligo-anurie ou IRA obstructive (sur rein unique/ obstruction bilat) → urgence chir + surveillance fonction rénale + avis néphro-uro | |||
**CN hyperalgique = persistance de crises douloureuses malgré un traitementt médical optimal → drainage chir | |||
**CN chez une femme enceinte : souvent paucisymptomatique de diag difficile, risque d'accouchement prématuré → avis gynéco en urgence | |||
**CN chez les patients présentant : IRC, uropathie pré-existante, rein greffé, HIV sous anti-rétroviraux | |||
**La mise en évidence de calculs bilatéraux ou > 6 mm requiert un avis uro | |||
=== Examens complémentaires === | |||
*<u>Bandelette urinaire</u> : hématurie micro inconstante, des nitrites/ GB + orientent vers une infection associée (→ EMU), un pH acide peut traduire la présence d'un calcul d'urates + hCG si femme | |||
*<u>AAB + Echo rénale</u> : cette association a une Se ~80-95% et une Sp ~80-100% pour le diag d'obstruction et pour celui de lithiase et constitue toujours le GOLD STANDARD en 1<sup>ère</sup> intention | |||
*<u>Bandelette urinaire</u> : hématurie micro inconstante, des nitrites/ GB + orientent vers une infection associée (→ EMU), un pH acide peut traduire la présence d'un calcul d'urates + hCG si femme | **NB : 10% des lithiases sont RX transparentes et les petites lithiases n'apparaissent pas | ||
*<u>AAB + Echo rénale</u> : cette association a une Se ~80-95% et une Sp ~80-100% pour le diag d'obstruction et pour celui de lithiase et constitue toujours le GOLD STANDARD en 1<sup>ère</sup> intention | *<u>CT-scanner</u> : Se ~97-100%, Sp ~95-98% mais plus irradiant = tend à devenir le nouveau GOLD STANDARD, permet d'exclure de nombreux DD des lithiases. | ||
*<u>CT</u> : Se ~97-100%, Sp ~95-98% = tend à devenir le nouveau GOLD STANDARD, permet d'exclure de nombreux DD des lithiases | |||
*La seule indication de l'uro-IRM est de pouvoir être couplée à l'écho chez les femmes enceintes | *La seule indication de l'uro-IRM est de pouvoir être couplée à l'écho chez les femmes enceintes | ||
*L'urétéropyélographie rétrograde est rarement nécessaire, généralement dans le cadre pré-op d'une compression extrinsèque afin de déterminer le degré de sténose | *L'urétéropyélographie rétrograde est rarement nécessaire, généralement dans le cadre pré-op d'une compression extrinsèque afin de déterminer le degré de sténose | ||
*D'autres examens peuvent être nécessaires selon la clinique | *D'autres examens peuvent être nécessaires selon la clinique | ||
== Traitements des coliques néphrétiques lithiasiques == | |||
== | |||
=== Prise en charge initiale === | |||
*Aucune étude n'a démontré le bénéfice de la restriction hydrique ou de l'hyperhydratation → apports adaptés à la soif, excepté si chir prévue. | *Aucune étude n'a démontré le bénéfice de la restriction hydrique ou de l'hyperhydratation → apports adaptés à la soif, excepté si chir prévue. | ||
*Diclofénac (voltaren) IV (/IM) 75 mg, max 150 mg/j (CI en cas de troisième trimestre chez la femme enceinte et en cas d'IR) +- paracétamol IV 15 mg/kg max 4x/j (intervalle de min 4h) | *Diclofénac (voltaren) IV (/IM) 75 mg, max 150 mg/j (CI en cas de troisième trimestre chez la femme enceinte et en cas d'IR) avec protection gastrique +- paracétamol IV 15 mg/kg max 4x/j (intervalle de min 4h) | ||
**Si CI ou inefficace (20%) → morphinique : chlorhydrate de morphine en titration IV à la dose initiale de 0,1 mg/kg toutes les 4h (diviser par 2 chez les patients âgés) – alternative : péthidine 100 mg IV ! surveillance respi ! | |||
*Les spasmolytiques n'ont jamais démontré leur efficacité! | |||
*Hospitalisation en cas de CN compliquée, de d+ réfractaire, de doute diag. | *Hospitalisation en cas de CN compliquée, de d+ réfractaire, de doute diag. | ||
*RAD (min 4h après l'injection d'un morphinique) si : CN typique non compliquée + patient apte au tt ambulatoire, soulagé, capable d'uriner et de s'alimenter. | *RAD (min 4h après l'injection d'un morphinique) si : CN typique non compliquée + patient apte au tt ambulatoire, soulagé, capable d'uriner et de s'alimenter. | ||
**Prescription : diclofenac 3x50mg/j PO durant 7j max avec protection gastrique | |||
***Si CI → codéine/ tramadol | |||
**Consignes : se représenter aux urgences en cas d'oligo-anurie > 24h/ survenue de t° (prise 1x/j)/ V+/ récidive de la d+/ hématurie/ malaise, filtrer les urines dans un filtre à café jusqu'à émission des calculs | |||
**Si l'imagerie n'a pas été réalisée, le faire à 12-48h en indiquant sur le bon d'envoyer les résultats au MG | |||
**Consultation chez le MG entre J3 et J7 | |||
=== Traitement de l'obstacle === | |||
| *Dérivation (néphrostomie percutanée/ sonde urétérale/ sonde double J) <u>en urgence</u> en cas de : obstruction fébrile, IRA obstructive, CN hyperalgique non calmée par les morphiniques | ||
*Sinon, à distance : | |||
**Evacuation spontanée → stop | |||
**Sinon : lithotritie extracorporelle/ utéroscopie/ chir cœlio ou laparo | |||
Inutile si 1<sup>er</sup> épisode. Sinon, consult uro pour MAP 1 mois après l'épisode. | === Mise au point étiologique des lithiases === | ||
<p style="text-align: justify">Inutile si 1<sup>er</sup> épisode. Sinon, consult uro pour MAP 1 mois après l'épisode.</p> |
Version du 2 juin 2014 à 18:51
= syndrome douloureux aigu lombo-abdominal résultant de la distension de la capsule rénale suite à la mise en tension brutale de la voie excrétrice du haut appareil urinaire en amont d'une obstruction. Il s'agit d'une urgence médico-chir qui touchera 12-14% de la population et représentant 1-2% des entrées en service d'urgence, 3H > 1F ++ 30-40 ans.
Etiologies
Lithiases urinaires (~80-90%)
Taux de récidive de 14% à 1 an, de 50% à 10 ans de 75% à 20 ans.
Affections urologiques non lithiasiques
Pyélonéphrites aiguës, tumeurs rénales/ pyélo-calicielles, infarctus rénaux, syndrome de la jonction pyélo-urétérale, sténoses urétérales intrinsèques de la Tbc/ bilharziose urinaires (++ d+ chroniques), caillot au décours d'une hématurie,…
Affections non urologiques
Compressions extrinsèques (fibrose rétropéritonéale, séquelles opératoires, adénopathies métastatiques,…).
Plus rarement : fissuration d'un AAA, sigmoïdite, nécrose ischémique du cæcum, torsion d'un kyste ovarien/ testicule, salpingite, appendicite, colique biliaire, ulcère GD, pneumonie de la base, arthrose lombaire, appendicite, GEU, hernie inguinale étranglée, infarctus mésentérique, diabète/ drépanocytose (séquestres papillaires après nécrose),…
Attitude diagnostique
Exemple d'algorithme diagnostique :
A noter qu'au vu de la disponibilité de cet examen, un CT-scanner est de plus en plus pratiqué systématiquement en première intention, indépendamment de la clinique. Il n'y a pas d'EBM montrant que cette attitude réduise significativement la morbi-mortalité des patients.
Orientation clinique
- Début brutal, d+ intense unilatérale lombaire/ lomboabdominale +- irradiation antérieure et descendante vers la fosse iliaque et les organes génitaux externes. Agitation vu l'absence de position antalgique.
- Les signes digestifs sont fréquents : N+/ V+/iléus
- Les signes urinaires le sont moins : pollakiurie, brûlures urinaires, impériosités,…
- L'anamnèse recherchera particulièrement les antécédents identiques + contraception si femme
- Formes compliquées :
- CN fébrile ou hypothermique (< 35°C) → toujours à considérer comme infectée avec risque de choc septique et destruction du parenchyme rénal → EMU, hémocs, NFS → urgence médico-chir (drainage + ABrh)
- CN avec oligo-anurie ou IRA obstructive (sur rein unique/ obstruction bilat) → urgence chir + surveillance fonction rénale + avis néphro-uro
- CN hyperalgique = persistance de crises douloureuses malgré un traitementt médical optimal → drainage chir
- CN chez une femme enceinte : souvent paucisymptomatique de diag difficile, risque d'accouchement prématuré → avis gynéco en urgence
- CN chez les patients présentant : IRC, uropathie pré-existante, rein greffé, HIV sous anti-rétroviraux
- La mise en évidence de calculs bilatéraux ou > 6 mm requiert un avis uro
Examens complémentaires
- Bandelette urinaire : hématurie micro inconstante, des nitrites/ GB + orientent vers une infection associée (→ EMU), un pH acide peut traduire la présence d'un calcul d'urates + hCG si femme
- AAB + Echo rénale : cette association a une Se ~80-95% et une Sp ~80-100% pour le diag d'obstruction et pour celui de lithiase et constitue toujours le GOLD STANDARD en 1ère intention
- NB : 10% des lithiases sont RX transparentes et les petites lithiases n'apparaissent pas
- CT-scanner : Se ~97-100%, Sp ~95-98% mais plus irradiant = tend à devenir le nouveau GOLD STANDARD, permet d'exclure de nombreux DD des lithiases.
- La seule indication de l'uro-IRM est de pouvoir être couplée à l'écho chez les femmes enceintes
- L'urétéropyélographie rétrograde est rarement nécessaire, généralement dans le cadre pré-op d'une compression extrinsèque afin de déterminer le degré de sténose
- D'autres examens peuvent être nécessaires selon la clinique
Traitements des coliques néphrétiques lithiasiques
Prise en charge initiale
- Aucune étude n'a démontré le bénéfice de la restriction hydrique ou de l'hyperhydratation → apports adaptés à la soif, excepté si chir prévue.
- Diclofénac (voltaren) IV (/IM) 75 mg, max 150 mg/j (CI en cas de troisième trimestre chez la femme enceinte et en cas d'IR) avec protection gastrique +- paracétamol IV 15 mg/kg max 4x/j (intervalle de min 4h)
- Si CI ou inefficace (20%) → morphinique : chlorhydrate de morphine en titration IV à la dose initiale de 0,1 mg/kg toutes les 4h (diviser par 2 chez les patients âgés) – alternative : péthidine 100 mg IV ! surveillance respi !
- Les spasmolytiques n'ont jamais démontré leur efficacité!
- Hospitalisation en cas de CN compliquée, de d+ réfractaire, de doute diag.
- RAD (min 4h après l'injection d'un morphinique) si : CN typique non compliquée + patient apte au tt ambulatoire, soulagé, capable d'uriner et de s'alimenter.
- Prescription : diclofenac 3x50mg/j PO durant 7j max avec protection gastrique
- Si CI → codéine/ tramadol
- Consignes : se représenter aux urgences en cas d'oligo-anurie > 24h/ survenue de t° (prise 1x/j)/ V+/ récidive de la d+/ hématurie/ malaise, filtrer les urines dans un filtre à café jusqu'à émission des calculs
- Si l'imagerie n'a pas été réalisée, le faire à 12-48h en indiquant sur le bon d'envoyer les résultats au MG
- Consultation chez le MG entre J3 et J7
- Prescription : diclofenac 3x50mg/j PO durant 7j max avec protection gastrique
Traitement de l'obstacle
- Dérivation (néphrostomie percutanée/ sonde urétérale/ sonde double J) en urgence en cas de : obstruction fébrile, IRA obstructive, CN hyperalgique non calmée par les morphiniques
- Sinon, à distance :
- Evacuation spontanée → stop
- Sinon : lithotritie extracorporelle/ utéroscopie/ chir cœlio ou laparo
Mise au point étiologique des lithiases
Inutile si 1er épisode. Sinon, consult uro pour MAP 1 mois après l'épisode.