« Céphalées primaires : céphalées de tension » : différence entre les versions
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<p style="text-align: | <p style="text-align: left">Les '''céphalées de tension''' constituent une entité hétérogène de céphalées "idiopathiques" chroniques regroupant des situations variées. Elles sont banales au point qu'on estime que 30 à 80% de la population selon les séries en présenteraient au cours de leur vie. Elles '''représenteraient jusqu'à 50% de toutes les céphalées.'''</p><p style="text-align: left">Il existe une légère prépondérance féminine avec un sex-ratio de 5 femmes pour 4 hommes. L'âge de début moyen est de 25 à 30 ans. Il existe un recouvrement syndromique et/ ou une coexistence avec les migraines (facteur favorisant ?) et les céphalées par abus d'antalgiques.</p> | ||
== Physiopathologie == | == Physiopathologie == | ||
<p style="text-align: left">Moins connues que les migraines, jusqu'à récemment ces céphalées étaient considérées comme exclusivement psychogènes ou résultant de douleurs sur contractures musculaires chroniques dans un contexte d'anxiété chronique ou non. Des études récentes ont tenté de dégager d'autres facteurs musculaires puis neurobiologiques. Rien de bien concluant n'a cependant été mis en évidence à ce jour…</p> | |||
*Mécanismes périphériques à l'étude : | *Mécanismes périphériques à l'étude : | ||
**Initiation et maintien de tensions musculaires péricrâniennes via : sensibilisation des | **Initiation et maintien de tensions musculaires péricrâniennes via : sensibilisation des noci-récepteurs périphériques, facteurs ischémiques, déséquilibre de médiateurs chimiques | ||
*Mécanismes centraux à l'étude : | *Mécanismes centraux à l'étude : | ||
**Sensibilisation du | **Sensibilisation du deuxième neurone de la moelle ou au niveau du noyau trigéminé | ||
== Classification et critères diagnostiques (IHS) == | == Classification et critères diagnostiques (IHS) == | ||
<p style="text-align: | <p style="text-align: left">On distingue les céphalées de tension épisodiques (CTE) des céphalées de tension chroniques (CTC). Critères (IHS) nécessaires :</p> | ||
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| style="width: 310px; vertical-align: top" | <p style="text-align: center">'''CTE rares'''</p><p style="text-align: | | style="width: 310px; vertical-align: top" | <p style="text-align: center">'''CTE rares'''</p><p style="text-align: left">1 - <u>></u> 10 épisodes, < 1 jour / mois en moyenne</p><p style="text-align: left">2 - céphalées durant 30 minutes à 7 jour</p><p style="text-align: left">3 - <u>></u> 2 caractéristiques parmi ;</p> | ||
*Bilatérale | *Bilatérale | ||
*Pression/ serrement, non pulsatile | *Pression / serrement, non pulsatile | ||
*Intensité légère | *Intensité légère à modérée | ||
*Pas d'aggravation aux efforts usuels | *Pas d'aggravation aux efforts usuels | ||
<p style="text-align: | <p style="text-align: left">4 - pas de nausées modérées à sévère ni de vomissements</p><p style="text-align: left">5 - Pas plus d'un de ces signes : photophobie, sonophobie, légères nausées</p><p style="text-align: left">6 - Clinique non suggestive d'un autre trouble ou trouble exclu par la mise au point</p> | ||
| style="width: 310px; vertical-align: top" | <p style="text-align: center">'''CTE fréquentes'''</p><p style="text-align: | | style="width: 310px; vertical-align: top" | <p style="text-align: center">'''CTE fréquentes'''</p><p style="text-align: left">1 - <u>></u> 10 épisodes, 1 à 15 jours/ mois durant <u>></u> 3 mois</p><p style="text-align: left">2 à 6 idem que les CTE rares</p> | ||
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| colspan="2" style="width:619px" | <p style="text-align: center">'''CTC'''</p><p style="text-align: | | colspan="2" style="width:619px" | <p style="text-align: center">'''CTC'''</p><p style="text-align: left">1 - <u>></u> 15 jours / mois en moyenne depuis <u>></u> 3 mois</p><p style="text-align: left">2 - Céphalées durant au moins plusieurs heures, pouvant être continues</p><p style="text-align: left">3 à 6 idem que les CTE rares</p> | ||
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*Céphalées de tension épisodiques | *Céphalées de tension épisodiques | ||
**Fréquence moyenne ~ | **Fréquence moyenne ~ 6 jours/ mois | ||
** | **Intensité des céphalées généralement légères à modérées, cédant aux antalgiques classiques, non aggravées à l'effort, parfois augmentées à la palpation du scalp | ||
** | **Plus fréquemment (mais non absolu) : non pulsatiles, de type "lourdeur/ pression", bilatérale | ||
**Généralement pas de signe associé excepté possibles photo/ sonophobie | **Généralement pas de signe associé. excepté possibles photo/ sonophobie. Des "tensions musculaires" péricrâniennes et des nucalgies associées sont cependant fréquentes | ||
**25% évoluent vers une CTC | **25% évoluent vers une CTC | ||
*Céphalées de tension chroniques | *Céphalées de tension chroniques | ||
**Quasi quotidiennes, ne cédant pas aux antalgiques classiques | **Quasi quotidiennes, ne cédant pas aux antalgiques classiques | ||
**Font généralement suite à une histoire de céphalées de tension épisodiques | **Font généralement suite à une histoire de céphalées de tension épisodiques | ||
**Altération de la qualité de vie et répercussions socio-professionnelles, troubles du sommeil fréquents | |||
**Altération de la qualité de vie et répercussions socio-professionnelles, troubles du sommeil | **Généralement pas de signes associés excepté possibles sono/ photophobie. Tensions musculaires péricrâniennes très fréquentes, douleurs musculosquelettiques diverses fréquemment associées | ||
**Généralement pas de signes associés excepté possibles sono/photophobie | |||
**50% régresseront vers une CTE, 30% conduiront à des céphalées par abus d'antalgiques | **50% régresseront vers une CTE, 30% conduiront à des céphalées par abus d'antalgiques | ||
<p style="text-align: | <p style="text-align: left">Sont souvent associées: anxiété, dépression, rides de stress</p> | ||
== Examens complémentaires == | == Examens complémentaires == | ||
<p style="text-align: | <p style="text-align: left">Selon la clinique et le contexte, ils n'ont d'autre intérêt que d'éliminer des diagnostics différentiels. Lorsque la clinique est typique et l'histoire ancienne, aucun n'est nécessaire.</p> | ||
== Prise en charge thérapeutique - Traitements == | == Prise en charge thérapeutique - Traitements == | ||
*Traitement des crises : | *Traitement des crises : | ||
**AAS 0,5 | **AAS 0,5 à 1g / paracétamol 1 g / ibuprofène 200 à 400mg / kétoprofène 25 à 50mg | ||
**Efficacité modérée du sumatriptan 2 | **Efficacité modérée du sumatriptan 2 à 4mg SC dans les CTC ? | ||
*Traitement de fond (CTE fréquentes et CTC) : | *Traitement de fond (CTE fréquentes et CTC) : | ||
** | **Traitement non médicamenteux "de fond" : | ||
**Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ? Anxiolytiques ? | ***Kinésithérapie cervicale et péricrânienne | ||
**Prise en charge psychoth, éviction du stress, kiné cervicale, techniques de relaxation | ***Infiltrations péricrâniennes | ||
***Prise en charge psychothérapeutique au cas par cas, éviction du stress et autres facteurs déclenchants éventuels, techniques de relaxation | |||
**Traitement médicamenteux "de fond" : | |||
***Antidépresseur tricyclique (amitriptyline 10 à 150 mg/ jour en première intention) | |||
***Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ? Anxiolytiques ? - EBM faible | |||
***Prise en charge psychoth, éviction du stress, kiné cervicale, techniques de relaxation | |||
Le recours d'emblée aux traitements médicamenteux "de fond" en cas de CTE fréquentes ou de CTC était la règle mais tend de plus en plus à se voir conditionner à un essai préalable d'un traitement non médicamenteux seul qui serait d'efficacité comparable. | |||
== Auteur(s) == | == Auteur(s) == | ||
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Version actuelle datée du 9 janvier 2023 à 23:01
Les céphalées de tension constituent une entité hétérogène de céphalées "idiopathiques" chroniques regroupant des situations variées. Elles sont banales au point qu'on estime que 30 à 80% de la population selon les séries en présenteraient au cours de leur vie. Elles représenteraient jusqu'à 50% de toutes les céphalées.
Il existe une légère prépondérance féminine avec un sex-ratio de 5 femmes pour 4 hommes. L'âge de début moyen est de 25 à 30 ans. Il existe un recouvrement syndromique et/ ou une coexistence avec les migraines (facteur favorisant ?) et les céphalées par abus d'antalgiques.
Physiopathologie
Moins connues que les migraines, jusqu'à récemment ces céphalées étaient considérées comme exclusivement psychogènes ou résultant de douleurs sur contractures musculaires chroniques dans un contexte d'anxiété chronique ou non. Des études récentes ont tenté de dégager d'autres facteurs musculaires puis neurobiologiques. Rien de bien concluant n'a cependant été mis en évidence à ce jour…
- Mécanismes périphériques à l'étude :
- Initiation et maintien de tensions musculaires péricrâniennes via : sensibilisation des noci-récepteurs périphériques, facteurs ischémiques, déséquilibre de médiateurs chimiques
- Mécanismes centraux à l'étude :
- Sensibilisation du deuxième neurone de la moelle ou au niveau du noyau trigéminé
Classification et critères diagnostiques (IHS)
On distingue les céphalées de tension épisodiques (CTE) des céphalées de tension chroniques (CTC). Critères (IHS) nécessaires :
CTE rares 1 - > 10 épisodes, < 1 jour / mois en moyenne 2 - céphalées durant 30 minutes à 7 jour 3 - > 2 caractéristiques parmi ;
4 - pas de nausées modérées à sévère ni de vomissements 5 - Pas plus d'un de ces signes : photophobie, sonophobie, légères nausées 6 - Clinique non suggestive d'un autre trouble ou trouble exclu par la mise au point |
CTE fréquentes 1 - > 10 épisodes, 1 à 15 jours/ mois durant > 3 mois 2 à 6 idem que les CTE rares |
CTC 1 - > 15 jours / mois en moyenne depuis > 3 mois 2 - Céphalées durant au moins plusieurs heures, pouvant être continues 3 à 6 idem que les CTE rares |
Clinique
- Céphalées de tension épisodiques
- Fréquence moyenne ~ 6 jours/ mois
- Intensité des céphalées généralement légères à modérées, cédant aux antalgiques classiques, non aggravées à l'effort, parfois augmentées à la palpation du scalp
- Plus fréquemment (mais non absolu) : non pulsatiles, de type "lourdeur/ pression", bilatérale
- Généralement pas de signe associé. excepté possibles photo/ sonophobie. Des "tensions musculaires" péricrâniennes et des nucalgies associées sont cependant fréquentes
- 25% évoluent vers une CTC
- Céphalées de tension chroniques
- Quasi quotidiennes, ne cédant pas aux antalgiques classiques
- Font généralement suite à une histoire de céphalées de tension épisodiques
- Altération de la qualité de vie et répercussions socio-professionnelles, troubles du sommeil fréquents
- Généralement pas de signes associés excepté possibles sono/ photophobie. Tensions musculaires péricrâniennes très fréquentes, douleurs musculosquelettiques diverses fréquemment associées
- 50% régresseront vers une CTE, 30% conduiront à des céphalées par abus d'antalgiques
Sont souvent associées: anxiété, dépression, rides de stress
Examens complémentaires
Selon la clinique et le contexte, ils n'ont d'autre intérêt que d'éliminer des diagnostics différentiels. Lorsque la clinique est typique et l'histoire ancienne, aucun n'est nécessaire.
Prise en charge thérapeutique - Traitements
- Traitement des crises :
- AAS 0,5 à 1g / paracétamol 1 g / ibuprofène 200 à 400mg / kétoprofène 25 à 50mg
- Efficacité modérée du sumatriptan 2 à 4mg SC dans les CTC ?
- Traitement de fond (CTE fréquentes et CTC) :
- Traitement non médicamenteux "de fond" :
- Kinésithérapie cervicale et péricrânienne
- Infiltrations péricrâniennes
- Prise en charge psychothérapeutique au cas par cas, éviction du stress et autres facteurs déclenchants éventuels, techniques de relaxation
- Traitement médicamenteux "de fond" :
- Antidépresseur tricyclique (amitriptyline 10 à 150 mg/ jour en première intention)
- Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ? Anxiolytiques ? - EBM faible
- Prise en charge psychoth, éviction du stress, kiné cervicale, techniques de relaxation
- Traitement non médicamenteux "de fond" :
Le recours d'emblée aux traitements médicamenteux "de fond" en cas de CTE fréquentes ou de CTC était la règle mais tend de plus en plus à se voir conditionner à un essai préalable d'un traitement non médicamenteux seul qui serait d'efficacité comparable.
Auteur(s)
Dr Shanan Khairi, MD