Asthénie
= sensation d'incapacité ("lassitude", "fatigue permanente", "difficultés intellectuelles", "perte de force",…) non/ peu améliorée par le repos. Différente donc de la fatigue, phénomène physiologique secondaire à une activité physique/ psychique inhabituelle calmée par le repos.
Symptôme vague et aspécifique fréquent… → partir des symptômes/ signes associés s'ils existent. Une asthénie isolée doit susciter une démarche diag rigoureuse et difficile. Dans 85% des cas on retrouve, à parts égales, une origine organique/ psychogène/ réactionnelle à un événement extérieur. Une asthénie persistant > 6 mois sans étiologie organique/ psychique objectivée = "syndrome de fatigue chronique".
PRINCIPALES ETIOLOGIES D'ASTHENIE ISOLEE A EVOQUER
GENERALES
Grossesse, anémie, carences, post-op, hypoP, hypoK, hyperCa, maladie cœliaque, malabsorption,… |
SYSTEMIQUES
Vasculites (Horton!) Connectivites (LED, PR, Sjogren,…) Dermatomyosites Hémochromatose |
INFECTIONS
Tbc, EBV, parvoV B19, HIV, CMV, Toxo, Lyme, Hépatites, ricksetties, brucellose, fièvre Q |
NEOPLASIES
Rénal, colique, hémopathies,… |
PSYS
Dépression Anxiété Surmenage |
ENDOCRINOS
Insuffisance surrénalienne (corticoth ?), hypercorticismes, Hypothyroïdie (amiodarone ?) Panhypopituitarisme |
IATROGENES ET TOXIQUES
Psychotropes, sédatifs, diurétiques, β-bloquants, interféron, addictions, sevrages, CO, Pb, antiHT centraux, anti-histaminiques, anti-calciques, alcool, hypoglycémiants, antiE,… |
INSUFFISANCE ORGANIQUE
Cœur, reins, foie, poumons |
NEUROS
Myasthénie Myopathies SEP, démences Parkinson Neuropathies |
TROUBLES DU SOMMEIL
SAS, narcolepsie, parasomnies, décalage horaire,… |
SYNDROME DE FATIGUE CHRONIQUE |
ASTHENIE ISOLEE |
Les plus fréquentes : pathos cardio-pulmonaires, anémie, infections chroniques, néo, dépression, cachexie / déconditionnement, pathos rhumatismales, iatrogènes.
DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
- ANAMNESE
o Distinguer asthénie d'une fatigue physiologique/ surmenage
o Soulagement par le repos :
§ Partiellement → plaide pour une asthénie organique/ une fatigue physiologique
§ Non (voire aggravation : asthénie matinale) → plaide pour une asthénie psychique
o Assuétudes ?
o Traitement (hypnotiques, antidépresseurs, inducteurs de dysthyroïdie, laxatifs, diurétiques,…)
o Régime hypocalorique ? Grossesse ? Milieu familial ? Profession ? Activité physique ?
o Caractéristiques :
§ physique/ mentale/ sexuelle/ globale ?
§ Horaire (matin → ++ psychique, soir → ++ organique) ?
§ Vitesse d'installation/ évolution (rapide d'intensité croissante → ++ organique)
§ Episodes antérieurs (++ psychogène) ?
§ Signes orientant vers une cause organique (fièvre/ amaigrissement franc/…)
§ Répercussions socio-professionnelles (négatives ou positives) ?
§ Hypersomnie non réparatrice ? Apnées du sommeil ? Troubles d'endormissement (anxiété ++) ? Réveils précoces (dépression ++) ? Signes de dépression ?
- EXAMEN CLINIQUE
o T°, état général, suivi du poids, hypoTA orthostatique, thyroïde, ganglions, TR etTV, abdomen (masse, HSM, splénomégalie), cutané (ictère, mélanodermie), cavité buccale (candidose, leucoplasie chevelue),…
o Examen neuro avec une attention particulière sur les déficits sensitivo-moteurs, ROT (polyneuropathie aiguë ?),
- EXAMENS COMPLEMENTAIRES SYSTEMATIQUES EN 1ère INTENTION EN CAS D'EXAMEN CLINIQUE NORMAL
En cas de fatigue récente avec une explication évidente (post-infection, stress aigu,…) et en l'absence de signe associé/ de DEG → mise au repos et réévaluation 1-2 semaines après avant de commencer un bilan
En cas d'absence de signes orientant la MAP/ asthénie persistante, il est licite de faire systématiquement :
o Biologie : hémato-numération-formule, CRP, VS, iono, créat, transaminases, glycémie à jeun, électrophorèse des protéines, LDH, CK, PAL, GGT, fer, ferritine, Sat Tf, cortisol, TSH, β-hCG, testostérone, LH, FSH, marqueurs maladie cœliaque,… +- sérologies, FAN, ANCA, FR, anti-CCP,…
o Tigette urinaire
En cas de persistance de l'asthénie et bilan négatif, on discutera l'utilité de :
o Sérologies, auto-Ac
o RX thorax
o Echo abdo
o Consultation psy
Si au terme de cette évaluation aucune étiologie n'est clairement identifiée :
- Si DEG nette faisant craindre une patho grave évolutive → bilan hospitalier
- Sinon → mettre le patient au repos et le suivre qq semaines
o Si l'on n'observe ni amélioration ni apparition d'un signe orientant le diag → bilan hospitalier
LE "SYNDROME DE FATIGUE CHRONIQUE"
Etiologie obscure (EBV ? EntéroV ? Dysimmunité ? Troubles psychiatriques ?...) son existence même est discutée. Frontières floues avec divers syndromes fonctionnels (fibromyalgie, troubles fonctionnels intestinaux, anxiété, attaques de panique, troubles somatoformes). Demeure un diag d'exclusion (organique/ psychiatrique).
2F > 1H, ++ < 40 ans actifs, ++ dans un contexte de stress, ++ début brutal par un syndrome d'allure grippal faisant place à une fatigue permanente/ fatigabilité/ intolérance à l'effort durant > 6 mois. Possibles symptômes associés : arthromyalgies, pseudo-vertiges, troubles mnésiques/ de la concentration, céphalées, troubles du sommeil,…
Patients svt très revendicatifs et agressifs envers le corps médical, svt persuadés d'être atteint d'une patho grave (élément péjoratif), dégradation socio-professionnelle.
Aucun traitement n'a jamais été démontré efficace → réassurance (ne pas nier la réalité des plaintes mais expliquer que l'on a exclu les pathos graves), thérapies cognitivocomportementales de réadaptation à l'effort, techniques de relaxation,… laisser la porte ouverte aux paramédecines…