Punaises (hétéroptères)

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Punaise - Cimex lectularius
Punaise - Cimex lectularius

Les punaises ou hétéroptères sont des insectes à pièces buccales piqueuses. La plupart sont des ecto-parasites des plantes mais certaines ont évolué vers la prédation d'autres insectes ou l'ecto-parasitisme d'animaux vertébrés (hématophagie). Leurs infestations, très fréquentes (quasi ubiquitaires) avant l'usage massif des pesticides, connaît une recrudescence ces deux dernières décennies.

Espèces parasitant l'être humain

Famille des reduvides

Cette famille regroupe des punaises hématophages à tous les stades de développement (triatominés) et, par ailleurs, des punaises prédatrices (réduvinés).

Les triatominés d'Amérique du sud et d'Amérique centrale ont une importance médicale : parasitant les vertébrés, elles peuvent piquer l'être humain et lui transmettre un endo-parasite (trypanosoma cruzi) responsable de la maladie de Chagas. Ces punaises sont de couleur jaune, rouge et noire, actives la nuit, se cachant dans les recoins et fissures le jour. Leur piqûre est indolore, la réplétion dure quelques minutes puis elles émettent des déjections liquides sur la peau. Ce sont ces déjections qui sont riches en trypanozomes et l'homme s'en infeste soit par contact direct de ces déjections avec les muqueuses soit par lésions de grattage.

Famille des cimicides (cimex)

Cette famille regroupe des punaises hématophages à tous les stades de développement, très résistantes au jeûne, véloces, actives la nuit, se cachant des les recoins et fissures le jour et pouvant parasiter différents vertébrés dont l'homme. Leur piqûre est indolore mais rapidement prurigineuse. Lorsqu'elles sont très nombreuses, une odeur nauséabonde peut être perçue.

L'archétype en sont les "punaise de lits" : Cimex lectularius (dans les pays tempérés) et Cimex hemipterus (principalement dans les pays tropicaux), insectes lenticulaire (plat et arrondi), de couleur jaune à brun-rouge, de taille adulte de 3 à 5 mm. Elles ne transmettent pas de maladie.

Autres espèces

De nombreuses autres espèces de punaises peuvent piquer "accidentellement" l'être humain. Elles ne présentent cependant pas d'importance sanitaire ou médicale notable.

Modes d'infestation et épidémiologie

Contrairement à une idée encore trop souvent répandue, l'infestation elle même n'est pas liée aux conditions d'hygiène.

L'infestation peut se faire de manière active (l'insecte se déplace la nuit pour se nourrir et est attiré par la chaleur et le CO2 et se propage aux logements proches) ou passive (en cas de séjour dans un lieu infesté, les punaises vont aller se cacher dans les bagages et les vêtements). Les lieux de forte fréquentation (hôtels, cinémas, écoles, crèches, gares, aéroports,...) sont particulièrement à risque.

En outre, les logements dont les murs sont en torchis (plus fréquents dans les pays tropicaux) offrent des conditions d'hébergement particulièrement favorables aux punaises.

La prévalence des punaises a fortement varié au cours du temps. Elles étaient cependant quasi ubiquitaires jusqu'à la généralisation de l'usage agricole et domestique des insecticides après la seconde guerre mondiale. D'abord le DDT (auquel les punaises sont devenues résistantes) puis les organophosphorés, les carbamates et les pyréthroïdes. Durant la seconde partie du vingtième siècle, la prévalence des punaises a de ce fait fortement reculé.

Cependant, la prise de conscience de l'importante toxicité pour l'être humain des insecticides a conduit la plupart des pays, particulièrement occidentaux, à restreindre de plus en plus leur usage ces dernières décennies... ce qui s'accompagne d'un "retour des punaises".

Par ailleurs, plus récemment, les vagues de chaleurs connues partout dans le monde du fait du réchauffement climatique favorise la prolifération des punaises dans les pays tempérés en été. Une augmentation des températures de 20 à 25°C durant quelques semaines suffit en effet a doubler leur cycle de reproduction. De manière plus limitée, le réchauffement favorise également l'extension progressive en Amérique de la zone de présence des triatominés et de la maladie de Chagas.

La multiplication des locations de type "airbnb" dans les immeubles résidentiels, particulièrement dans les grandes villes touristiques, est également un facteur favorisant la multiplication des foyers d'infestations.

Enfin, on a souvent incriminé l'augmentation des voyages internationaux, particulièrement "nord-sud" depuis les années nonante comme facteur favorisant cette ré-émergence. Cela ne reste qu'une hypothèse que rien ne vient cependant confirmer, les infestations restant principalement le fait d'espèces locales.

Clinique et diagnostic

Le diagnostic est basé exclusivement sur l'observation des punaises sur le lieu de l'infestation et la reconnaissance clinique des lésions cutanées dont l'aspect est cependant peu spécifique. Les lésions peuvent prendre divers aspects (macules, bulles, hémorragiques, urticaire papuleux) mais sont le plus souvent des papules érythémateuses, discrètement oedémateuses et est toujours très prurigineuse. Elles sont généralement groupées en ligne ou en grappes. Elles se résolvent spontanément habituellement endéans une semaine.

Complications :

  • rares : surinfections des lésions, anémie (en cas de piqûres très nombreuses et répétées)
  • exceptionnelles : réactions anaphylactiques

En Amérique du Sud et en Amérique centrale, on peut par ailleurs observer les signes propres à la maladie de Chagas transmise par les triatominés.

Traitement et éradication

Hors maladie de Chagas transmise par les triatominés et des rares complications, les piqûres de punaises ne nécessitent aucun traitement. Parfois des corticoïdes topiques ou des anti-histaminiques oraux sont prescrits en cas de lésions extensives très prurigineuses.

L'éradication domiciliaire des punaises est par contre difficile. Idéalement elle doit être rapide (nombre de punaises et lieux touchés encore limités) et effectuée par une société spécialisée utilisant une combinaison de méthodes physiques et chimiques. Les mesures "légères" (passer l'aspirateur, lavage à haute température des vêtements et literie, nettoyage des matelas à la vapeur,...) sont généralement insuffisantes et ne doivent être préconisées que comme une "préparation" à la véritable éradication. Les insecticides ne doivent être utilisés que par une société spécialisée. L'éradication nécessite au moins deux traitements à un intervalle de +- 4 semaines.

L'éradication nécessite en outre d'être effectuée dans tous les logements touchés (souvent tout l'immeuble, parfois les immeubles voisins) sous peine d'une ré-infestation rapide par proximité.

Dans la plupart des pays, l'éradication est de la responsabilité du ou des propriétaires auxquels sont imputés les frais.

Auteur

Dr Shanan Khairi, MD

Bibliographie

Association française des enseignants de parasitologie et mycologie, Parasitologie - Mycologie, ANOFEL, 2002

Elston DM, Bedbugs, UpToDate, 2022

Perron S et al., Les punaises de lit, retour vers le futur, Institut National de Santé Publique du Quebec, janv 2010