Serment d'Hippocrate

Aller à : navigation, rechercher
La version imprimable n’est plus prise en charge et peut comporter des erreurs de génération. Veuillez mettre à jour les signets de votre navigateur et utiliser à la place la fonction d’impression par défaut de celui-ci.
Hippocrates (bust, Pushkin Museum)
Hippocrate (buste, musée Pouchkine)

Le serment d'Hippocrate, daté du IVème siècle avant J.C., constitue le premier ensemble connu de règles écrites relatives à la déontologie médicale. Certains de ses principes perdurent aujourd'hui.

La majorité des sources relatives à la vie d'Hippocrate sont indirectes et l'authenticité de nombre des écrits qui lui sont attribués est sujette à caution. Il est donc difficile de faire la part de la réalité et de la légende. Quoi qu'il en soit, il est considéré comme le premier à avoir individualisé la médecine des autres domaines de connaissances, à avoir formalisé des règles éthiques quant à son exercice et à avoir mis en avant l'observation clinique. Les principes thérapeutiques de la médecine hippocratique n'ont cependant quant à eux que peu de rapport avec la médecine moderne.

Le serment d'Hippocrate original

Les principes hippocratiques sont :

  • La médecine est un art à transmettre de médecin à médecin
  • Le disciple doit respect et assistance à son maître et ses descendants
  • Monopole de la connaissance
  • Principe de bienfaisance (faire le bien)
  • Principe du refus de nuire (incluant le refus de l'avortement, du suicide assisté et de l'euthanasie)
  • Dévouement
  • Notion d'exclusion de la chirurgie du champs de la médecine
  • Interdiction de toute séduction et relation sexuelle avec les patients ou leurs proches
  • Secret médical
  • Honorabilité de la profession
  • Références et autorité religieuses

Version originale

OPKOΣ

Ὄμνυμι Ἀπόλλωνα ἰητρὸν, καὶ Ἀσκληπιὸν, καὶ Ὑγείαν, καὶ Πανάκειαν, καὶ θεοὺς πάντας τε καὶ πάσας, ἵστορας ποιεύμενος, ἐπιτελέα ποιήσειν κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν ὅρκον τόνδε καὶ ξυγγραφὴν τήνδε. Ἡγήσασθαι μὲν τὸν διδάξαντά με τὴν τέχνην ταύτην ἴσα γενέτῃσιν ἐμοῖσι, καὶ βίου κοινώσασθαι, καὶ χρεῶν χρηίζοντι μετάδοσιν ποιήσασθαι, καὶ γένος τὸ ἐξ ωὐτέου ἀδελφοῖς ἴσον ἐπικρινέειν ἄῤῥεσι, καὶ διδάξειν τὴν τέχνην ταύτην, ἢν χρηίζωσι μανθάνειν, ἄνευ μισθοῦ καὶ ξυγγραφῆς, παραγγελίης τε καὶ ἀκροήσιος καὶ τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος μετάδοσιν ποιήσασθαι υἱοῖσί τε ἐμοῖσι, καὶ τοῖσι τοῦ ἐμὲ διδάξαντος, καὶ μαθηταῖσι συγγεγραμμένοισί τε καὶ ὡρκισμένοις νόμῳ ἰητρικῷ, ἄλλῳ δὲ οὐδενί. Διαιτήμασί τε χρήσομαι ἐπ' ὠφελείῃ καμνόντων κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν, ἐπὶ δηλήσει δὲ καὶ ἀδικίῃ εἴρξειν. Οὐ δώσω δὲ οὐδὲ φάρμακον οὐδενὶ αἰτηθεὶς θανάσιμον, οὐδὲ ὑφηγήσομαι ξυμβουλίην τοιήνδε. Ὁμοίως δὲ οὐδὲ γυναικὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. Ἁγνῶς δὲ καὶ ὁσίως διατηρήσω βίον τὸν ἐμὸν καὶ τέχνην τὴν ἐμήν. Οὐ τεμέω δὲ οὐδὲ μὴν λιθιῶντας, ἐκχωρήσω δὲ ἐργάτῃσιν ἀνδράσι πρήξιος τῆσδε. Ἐς οἰκίας δὲ ὁκόσας ἂν ἐσίω, ἐσελεύσομαι ἐπ' ὠφελείῃ καμνόντων, ἐκτὸς ἐὼν πάσης ἀδικίης ἑκουσίης καὶ φθορίης, τῆς τε ἄλλης καὶ ἀφροδισίων ἔργων ἐπί τε γυναικείων σωμάτων καὶ ἀνδρῴων, ἐλευθέρων τε καὶ δούλων. Ἃ δ' ἂν ἐν θεραπείῃ ἢ ἴδω, ἢ ἀκούσω, ἢ καὶ ἄνευ θεραπηίης κατὰ βίον ἀνθρώπων, ἃ μὴ χρή ποτε ἐκλαλέεσθαι ἔξω, σιγήσομαι, ἄῤῥητα ἡγεύμενος εἶναι τὰ τοιαῦτα. Ὅρκον μὲν οὖν μοι τόνδε ἐπιτελέα ποιέοντι, καὶ μὴ ξυγχέοντι, εἴη ἐπαύρασθαι καὶ βίου καὶ τέχνης δοξαζομένῳ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἐς τὸν αἰεὶ χρόνον. παραβαίνοντι δὲ καὶ ἐπιορκοῦντι, τἀναντία τουτέων.

Traduction française

Serment

Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d'abord mon maître en cet art à l'égal de mes propres parents; de mettre à sa disposition des subsides et, s'il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens; de considérer sa descendance à l'égal de mes frères, et de leur enseigner cet art, s'ils désirent l'apprendre, sans salaire ni contrat; de transmettre, les préceptes, des leçons orales et le reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, mais à nul autre.

J'utiliserai le régime pour l'utilité des malades, suivant mon pouvoir et mon jugement; mais si c'est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d'y faire obstacle. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif. C'est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. Je n'inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l'utilité des malades, me tenant à l'écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en général, et en particulier des relations amoureuses avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes.

Eh bien donc, si j'exécute ce serment et ne l'enfreins pas, qu'il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l'éternité. En revanche, si je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire.

Le serment d'Hippocrate aujourd'hui

Contrairement à une idée reçue, la prestation du serment d'Hippocrate ne constitue nullement une obligation pour les médecins. Selon les pays, divers principes hippocratiques sont d'ailleurs aujourd'hui non respectés :

  • Dans toutes les sociétés la chirurgie est désormais inclue à la médecine
  • Selon l'évolution des normes morales et "consciences" individuelles propres à chaque société (ex : respect des "maîtres" et de leurs descendants, euthanasie, avortement, rupture du secret médical dans certaines circonstances, relativité des notions de "bien" et "mal",...)
  • Selon l'évolution des modes de vie propres à chaque société (ex : relativité de la notion du "dévouement" face à la notion d'épanouissement personnel)
  • Les infractions imposées par les puissances publiques dans divers cadres sont habituelles à des degrés divers :
    • Tendant à forcer la rupture du secret professionnel sur décision judiciaire ou arbitraire de l'exécutif
    • Participation de médecins à des opérations policières, militaires ou de sécurité nationale
    • Participation de médecins à des exécutions judiciaires (ex : Chine, Etats-Unis,...), des actes de torture institutionnalisée (ex : Etats-Unis, Israël,...), l'élaboration d'armes chimiques ou biologiques (ex : Etats-Unis, Syrie,...), des discriminations institutionnalisées (ex : Etats-Unis ségrégationnistes, apartheid sud-africain, Israël,...), des examens réalisés sans intérêt pour le patient dans le cadre de procédures judiciaires (tous les pays), stérilisations forcées (ex : régime nazi, après-guerre en Australie, Finlande, Norvège,...) ou contre rémunération (ex : Inde dans les années '80,...),...
  • Les références religieuses ou sacrées sont aujourd'hui le plus souvent absentes de l'exercice médical

Les règles déontologiques sont aujourd'hui encadrées par la loi et par les codes des Ordres médicaux nationaux. Ces règles, variables selon les pays, sont en outre parfois soumises à des spécificités de situation (ex : médecins militaires, médecins conseils,...). Cependant :

  • Dans certains pays, il est d'usage de faire prester une version "actualisée" du serment aux médecins lors de la remise de leur diplôme. Lorsque c'est le cas, l'autorité de ce serment est cependant fréquemment minée par le fait que :
    • Pour des raisons pratiques, le serment est souvent presté par un unique représentant au nom de l'ensemble des diplômés sans qu'on leur demande leur avis (ex : Université Libre de Bruxelles où le "représentant" est l'étudiant de sa promotion ayant obtenu les meilleurs points aux examens)
    • Sur les plans ordinaux et légaux, seuls les codes de déontologie et le corpus législatif sont à respecter
  • De façon générale, on retrouve des principes communs, proclamés si pas toujours respectés, aux codes de déontologie et/ ou aux corpus législatifs de tous les pays et à certains principes hippocratiques :
    • Devoir de bienfaisance
    • Refus de nuire (l'inclusion de l'avortement, du suicide assisté et/ ou de l'euthanasie dans ce cadre est variable selon les pays)
    • Dévouement
    • Interdiction d'user de son influence pour obtenir des faveurs sexuelles ou pécuniaires indues
    • Secret médical
    • Honorabilité de la profession

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD

Bibliographie

Jouanna J, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe I

Littré E, Oeuvres complètes d'Hippocrate, vol. 4 (Baillière, Paris 1844), p. 628-632