Granulomatose avec polyangéïte (Granulomatose de Wegener)

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La granulomatose avec polyangéïte (granulomatose de Wegener ou maladie de Wegener) est une vasculite primaire granulomateuse des petits vaisseaux (artérioles, capillaires et veinules) carctérisée par la présence d'une angéite aiguë circonférentielle et de granulomes nécrotiques à cellules géantes.

Il s'agit d'une maladie rare, sa prévalence étant de 2 à 3/ 100.000 habitants. On note une prédominance saisonnière durant l'hiver et le printemps. L'âge moyen de diagnostic est de 40 à 50 ans et il existe une discrète prépondérance masculine.

Son étiologie est inconnue, mais on retrouve la notion d'une infection virale ou bactérienne dans 40% des cas. Une prédisposition génétique est suspectée (existence de formes familiales exceptionnelles).

Clinique

La symptomatologie débute généralement par des signes ORL ou pulmonaires banaux mais dont l’évolution récidivante, résistante aux antibiothiques mais sensible à une courte corticothérapie, ou associée à d'autres anomalies (fièvre d'origine indéterminée, dégradation de l'état général, atteintes viscérales) peut faire évoquer le diagnostic.

Système

Manifestations

% en initial

% au décours

Rénal

Glomérulonéphrite : protéinurie modérée, hématurie, leucocyturie… rapidement progressive dans 50% des cas, peut conduire à une IR. HTA est rare.

18

77

ORL

Sinusite, rhinite sanglante croûteuse, otite, surdité, sténose sous-glottique, otalgies

73

92

Poumons

Infiltrats, nodules, hémoptysies, pleurésies, atélectasies, sténoses bronchiques

45

85

Yeux

Conjonctivite, dacryocystite, sclérite, exophtalmie, névrite optique, uvéite

~10%

~25%

Arthralgies ou arthrites

 

32

67

Fièvre

 Syndrome fébrile persistant ou récidivant inexpliqué

23

50

Peau

Lésions de types très variables (++ purpura, ulcérations)

13

46

Système nerveux périphériphérique

Mono ou multineuropathies (incluant les paires crâniennes)

1

15

Système nerveux central

Pertes auditives, granulomes,… très rarement une hémorragie cérébrale

1

8

Des atteintes digestives sont retrouvées dans 24% des autopsies, des infarctus spléniques dans 77%. Cependant ces lésions sont exceptionnellement symptomatiques (ulcérations, hémorragies, infarctus mésentérique, perforation intestinale). L’atteinte cardiaque est très rare, pouvant se traduire par des arythmies, une péricardite, voire une endocardite.

Biologie

Les anomalies biologiques sont fréquentes, plus dans les formes diffuses que localisées.

  • Augmentation des PNN
  • Thrombocytose
  • Syndrome inflammatoire avec élévation de l’ensemble des protéines de l’inflammation
  • Très spécifiques : c-ANCA (type antiPR3) présents dans 90%, ++ dans les formes diffuses

Diagnostic

Devant une suspicion clinique de Wegener :

  • Examen clinique complet
  • CT sinus et thorax en coupes fines
  • Examen ORL
  • Électromyogramme
  • Analyse répétée du sédiment urinaire et de la protéinurie
  • Biologie : la présence de c-ANCA est un argument puissant, leur absence ne peut suffire à exclure le diag
  • Les biopsies (++ multiples) sont souvent indispensables et un argument puissant si positives

Prise en charge thérapeutique - Traitements

Formes diffuses : association de

  • Corticoïdes : prednisone 1 mg/kg/j. Dans les formes sévères, on pourra débuter par des bolus de méthylprednisolone.
  • Cyclophosphamide per os 2mg/ kg/ jour ou méthotrexate (20 mg/ semaine) ou azathioprine (2 mg/ kg/ jour) dans les formes ne mettant pas en jeu le pronostic vital
  • En cas d’échec : Ig IV, échanges plasmatiques, bolus hebdomadaires de cyclophosphamide,…
  • En cas de sténoses trachéo-bronchiques : injections locales de corticoïdes/ plasties chir/ laser

Ce traitement est à poursuivre au moins 1 an après rémission… sans traitement, la survie moyenne était < 2 ans ; avec traitement, la survie est de 85% à 1 an et de 50% à 10 ans… cependant :

  • Des rechutes surviennent fréquemment, même plusieurs années plus tard.
  • Dans 85% des cas, les patients gardent des séquelles : hypo-acousie, insuffisance rénale chronique, diminution de l’acuité visuelle, sténose trachéo-bronchique, déformation nasale,…
  • Le pronostic dépend essentiellement d’une insuffisance rénale initiale, de l’âge, du caractère diffus des atteintes
  • La principale cause de mortalité est due aux infections (puis aux néoplasies et cardiopathies) favorisées par la corticothérapie et les immunosuppresseurs. Un décès sur 5 est encore lié à l'insuffisance rénale.

Formes localisées : à discuter au cas par cas par les spécialistes… attitudes varient entre un traitement calqué sur une atténuation du tt des formes diffuses ou sur le Bactrim forte 2co/j qui a démontré son efficacité, ne serait-ce que dans la prévention des rechutes.

Auteur(s)

Dr Shanan Khairi, MD