Cholestase

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Une cholestase est définie comme une diminution du débit de bile dans le duodénum. Il s'agit d'une situation fréquente pouvant se manifester par des manifestations cliniques et/ ou biologiques (voir cholestase biologique).

Classification et étiologies

Cholestase intra-hépatique

  • Hépatites virales
  • Hépatites médicamenteuses
  • Hépatite et cirrhose alcoolique
  • Cirrhose biliaire primitive
  • Cholestase gravidique
  • Métastases et tumeurs hépatiques
  • Angéites hépatiques (ex : fréquentes dans les maladies de Horton, voire dans les pseuo-polyarthrites rhumatoïdes isolées)

Cholestase extra-hépatique

  • Lithiase biliaire
  • Tumeur (++ néoplasies) de la tête du pancréas
  • Sténose bénigne de la voie biliaire principale (++ post-chirurgicale)
  • Cancer des voies biliaires
  • Pancréatites et pseudo-kystes pancréatiques
  • Cholangite sclérosante
  • Angiocholite

Autres : cholestase récurrente bénigne (clinique et biologique avec GGT peu altérés, débute chez l’adulte jeune), >20% des patients sous nutrition parentérale développent une cholestase (multi-étiologique)

Clinique

  • Ictère (bilirubine) et prurit (acides biliaires), urines foncées et selles décolorées
  • Xanthomes et xanthélasma (lipides, ++ paupières)
  • Anneau de Kayser-Fleischer (cuivre)
  • Signes de malabsorption (acides biliaires) : stéatorrhée et amaigrissement (graisses), héméralopsie (vitamine A), ostéomalacie (vitamine D), neuromyélopathie (vitamine E), hémorragies (vitamine K), amaigrissement
  • Signes selon la cause : fièvre, dégradation de l'état général, signes d’insuffisance hépatique et encéphalopathie, douleurs abdominales, signes d’hypertension portale, hépatomégalie, adénopathies, céphalées, troubles de la vue, douleurs scapulaires,…

Diagnostic et mise au point

Le contexte clinique et un complément de base de biologie suffisent généralement à établir l'étiologie de la cholestase.

  • Anamnèse (traitement, drogues, alcool, facteurs de risque d'hépatites, chirurgie abdominale, HIV, voyages) et examen clinique
  • Biologie : augmentation des GGT, PAL et bilirubine conjuguée (= cholestase biologique) et 5’-nucléotidase (plus spécifique que les PAL), cholestérol, acides biliaires, (+- anomalies de la coagulation), CRP, VS, hémogramme
    • Hyperneutrophilie → angiocholite ? hépatite alcoolique ?
    • Leucopénie → hépatite virale ?
    • hyperéosinophilie → hépatite médicamenteuse ?
    • Anémie → saignement ou cancer ?
    • Polyglobulie → paranéoplasique ?
    • Transaminases
      • très élevées → hépatites (les CMV, EBV, HAV sont particulièrement à rechercher en cas d’hépatite cholestatique) ? (des GOT > GPT évoquent une origine éthylique)
      • élevées → obstacle biliaire ?
      • modérément élevées (peut se rencontrer dans les cholestases de tous types)
    • Hypergammaglobulinémie : hépatopathie chronique ?
    • Sérologie des hépatites virales
    • Recherche d’auto-anticorps (anti-muscles lisses, anti-mitochondries, anti-LKM)
    • Céruloplasmine et Cu, stigmates biologiques d'éthylisme, α-1-antitrypsine,…
    • VS élevée → aspécifique, toujours penser à un Horton ou une PPR chez sujet âgé
  • Exclusion des urgences dans les contextes aigus : angiocholite (triade ictère, douleurs abdominales, fièvre ! présente au complet dans seulement 1/ 3 des cas, hyperneutrophilie) (échographie ou cholangio-RMN en cas de doute), hépatite aiguë (transaminases très élevées)
  • Contextes évocateurs :
    • antécédent de cholécystectomie pour lithiase : lithiase de la voie biliaire principale
    • Ictère progressif avec dégradation de l'état général (souvent grosse vésicule et prurit) : néoplasie de la tête du pancréas ou des voies biliaires
    • Alcoolisme et clinique pseudoangiocholitique : hépatite alcoolique
    • Hépatopathie connue : rechercher cause de décompensation
    • Grossesse : stéatose aiguë gravidique (3ème trimestre, douleurs abdominales, fièvre, ictère, hypertension artérielle, hypertransaminasémie, chute du facteur V), cholestase intrahépatique gravidique, pré-éclampsie
    • Si HIV+ ou immunodéprimmé: éliminer infection à Gram négatif ++, CMV et cryptosporidiose
    • Alimentation parentérale
    • Céphalées ou troubles visuels aigus → Horton ?
    • Douleurs scapulaires → pseudo-polyarthrite rhumatoïde ?
    • Cardiopathie connue : foie de stase (hépatomégalie douloureuse, reflux hépato-jugulaire)
    • CREST syndrome : cirrhose biliaire primitive ?
    • Crohn ou RCUH : cholangite sclérosante ?
    • Sarcoïdose ou collagénose : atteinte granulomateuse ?
  • Echographie abdominale :
    • ++ pour mettre en évidence une dilatation des voies biliaires (cholestase extrahépatique)
    • Permet le diagnostic dans 75%
  • Cholangio-RMN
    • ++ pour lithiases, tumeurs, pancréatite et kystes pancréatiques
  • Echo-endoscopie
    • ++ pour tumeur de l’ampoule et calcul dans le cholédoque
  • (Ponction)-biopsie hépatique
    • Surtout utile dans les cholestases chroniques inexpliquées (cirrhose biliaire primitive ? cholangite sclérosante primitive ? sarcoïdose ou autre granulomatose ?...)
  • CT-scan abdominal injecté
    • Même utilité et efficacité que l’échographie + bilan à distance tumoral + plus performant pour les complications
  • CPRE (cholangio-pancréatographie rétrograde)
    • ++ pour diagnostic + traitement des obstructions des voies biliaires

Prise en charge thérapeutique - Traitements

  • Etiologique si possible
  • Symptomatiques si nécessaire
    • Prurit : Colestyramine (Questran), les anti-histaminiques sont contestés, la rifampicine est efficace mais expose le patient à un risque d’hypersensibilité. En cas de prurit réfractaire : discuter les antagonistes opiacés
    • Si dénutrition très importante : discuter la prescription d'acides gras à chaîne moyenne
  • Suppléments en cas de dénutrition importante ou de traitement par colestyramine : vitamine K + vitamine A + vitamine D + gluconate de calcium

Auteur : Dr Shanan Khairi, MD